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Exercice Régional SSF en Cote d'Or

Article publié par B. BOUCHARD le lundi 25 novembre 2024.

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Vendredi 1er Novembre 2024 : Notre équipe arriva à la ferme de la Pérouse à Plombières-les-Dijon dans la fin de l'après-midi. Le brouillard était palpable. Dans les prés alentours, le CDS 21 avait déjà monté les barnums ainsi que placé leur remorque spéléo-secours. Les derniers équipements d'autonomie s'installaient : groupe électrogène, tentes, tables, bancs, etc...
Nous installâmes à notre tour notre camp avant de nous réunir, avec les quelques membres du CDS 21 présents, pour nous inscrire sur le registre des personnes à appeler le lendemain, mentionnant alors nos capacités. Puis nous mangeâmes avant d'aller nous coucher tandis que nos détracteurs préparaient notre planning du lendemain...
Samedi 02 Novembre 2024, 5h00 pétante : Les téléphones sonnèrent, chacun fut appelé. Tom Sawyer (la victime) ainsi qu'un camarade étaient allés se faire une séance de spéléologie nocturne dans le gouffre de la Porte des Etoiles, réseau du Neuvon, Plombieres-les-Dijons, Côte d'Or, afin de s'y planter. Son camarade en ressortit pour donner l'alerte. Les standardistes crurent comprendre que nous étions à proximité. Quelle chance ! L'état de la victime semblait préoccupant, il allait aller vite, s'habiller, s'équiper et signaler que nous étions prêts à partir.
6h30 : notre équipe était réunie dans ce qui fût plus tard le PC, à quelques centaines de mètre du gouffre de la Porte des étoiles. Après un petit déjeuner (avec café) avalé à la vitesse de la lumière, nous nous dirigeâmes - nous les ASV - vers la porte des étoiles, promptement...
7h00 : Notre équipe - constituée de 7 individus ASV munis de leurs équipements personnels et collectifs - entra dans le puits. Un ventilateur d'une capacité de 23 000 m3/h était installé à l'entrée afin de réduire les taux de CO2 et de stabiliser l'oxygène. Nous descendîmes les puits successifs pour arriver à -100m dans la salle de la Cathédrale. Nous nous dirigeâmes ensuite vers l'Escalade, puis les Chicanes pour arriver à l'Oasis juste après laquelle la victime se trouvait mal, à environ 600m du pied des puits.
8h30 : Tom Sawyer se trouvait à la séparation entre la galerie de l'As de Pique et l'amont de l'Oasis. Conscient, hypothétiquement blessé à la jambe et au poignet, ses constantes étaient bonnes et stables. Il semblait avoir mal chuté d'une hauteur de quelques dizaines de centimètres en évoluant vers l'As de Pique sur une corde à nœuds... Notre équipe l'installa dans le point chaud et dans la doudoune et mit en route le TPS afin de transmettre à la surface le premier point. Puis vint le temps de l'attente qui s'étala sur une huitaine d'heure... Durant ce temps, nous prîmes soins de la victime et de nous-même. Nous mangeâmes, bûmes, explorâmes les environs, dormîmes et tînmes informée la surface tout en ayant des nouvelles de différentes équipes à l'œuvre entre la surface et nous via l'engin radiophonique.
16h30 : nous aperçûmes des gens ! Une équipe munie d'un téléphone filaire ainsi qu'une autre équipe installant une tyrolienne à quelques mètres de nous, au-dessus de l'Oasis, s'affairaient. Nous prîmes connaissance qu'une cinquantaine d'individus constituant diverses équipes étaient à pied d'œuvre dans la cavité : équipements aériens verticaux et horizontaux, réseaux de communication filaires, mobilité du matériel de civière et brancardage, encadrement de l'exercice, mesures de gazs, etc...
17h00 : Puis la civière arriva dans la foulée. La victime fut alors conditionnée, brêlée et accompagnée par notre équipe et l'ensemble du matériel ASV sur le cheminement vers la surface, suivie d'une équipe de télécommunication. La manque de personnes mobilisa notre équipe sur les ateliers et les passages techniques en brancardage. Nous chargeâmes un désigné « mule » de nos kits et aidâmes avec l'ensemble des parties de nos corps au cheminement de la civière dans les chaos rocheux constitutifs des 600m de galeries. Il fut très difficile de dépasser la civière et de la faire évoluer avec stabilité dans ces conditions. De l'aide fut réclamée. Les personnes présentes n'eussent pas tenu davantage... De l'aide arriva. Nous fîmes glisser sur nos genoux, nos dos et les rochers autant que possible car la victime et sont moyen de transport pesaient 120kg environ…
22h/22h40 : C'est après 5 longues heures que notre victime se présenta au pied des puits. Nous la précédâmes dans la montée vers la surface – toujours avec le matériel ASV – dans un état de fatigue très grand. Fort heureusement, il y eut du monde dans les puits pour nous aider à remonter les kits. Nous sortîmes suivis de 40 minutes par la civière puis les nombreuses personnes qui réussirent – au prix d'efforts considérables – à amener la lourde victime de son point d'accident à la surface via des équipements tels que des tyroliennes et des contre-poids, sans encombre et sans interruption. Les équipements et les réseaux de télécommunication furent démantelés au fur et à mesure du passage de la victime et l'ensemble des personnes mobilisées sur cet exercice sortirent de la terre jusqu'au dernier, à 1h du matin.
À la sortie, le barnum offrit des frites ainsi que des grillades et de l'eau. Le débriefing eut lieu vers 1h du matin dans la tente du PC, certains points d'amélioration furent abordés. Et chacun regagna son campement ou son gîte…
Dimanche 03 Novembre 2024 : Nous retournions à trois pour deux heures environ afin de déséquiper les voies installées par le CDS 21 avant l'exercice avant de leur restituer leurs matériels, nœuds défaits et quincailleries rassemblées. Puis nous priment la route, meurtris mais fiers du travail accompli.

Pour compléter la magnifique prose de Maxime, cet exercice constituait l'activité finale d'un stage SSF Equipier/Chef d'équipe + Conseiller Technique qui se tenait depuis le 25 octobre à Francheville, et qui était encadré par le SSF National.
Le secours a été géré par des CT stagiaires qui se sont succédés sous la supervision des cadres du national.

Quelques chiffres : l'alerte a été donnée à 4H30 du matin le samedi.
78 sauveteurs + 1 victime ont été mobilisés sur cette opération.
La ventilation de la cavité a été jugée nécessaire suite au constat de taux élevés dans la cavités les jours précédents (jusqu'à 2.9%), le SSF National a donc fait intervenir les spécialiste Ardéchois (Stéphane T) qui ont apporté en mis en oeuvre leur dispositif particulièrement efficace.

A noter que j'ai pour ma part été engagé sur des missions de transmissions, instalation d'une liaison filaire SPL05 entre le PC et l'entrée de la cavité, puis mise en oeuvre d'un TPS de type "Pimprenelle" au droit de la victime, qui a permis de conserver une liaison fiable avec le fond, relayée vers le PC par VHF.

Un week-end super intéressant, et merci au CDS21 et à Jean-Marc et Patrick.

Spéléologiquement.

Kro