Revue de Presse

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Les bulldozers ont-ils dévasté 70 000 ans d'histoire ?

L'Yonne Republicaine, édition du mercredi 25 novembre 1992.

«C'est inadmissible ! La DDE a détruit cette grotte en toute connaissance de cause. J'en avais signalé l'intérêt archéologique au conseil général », se révolte Jean Buret, du Spéléo-Club de France. Réponse de M. Bertrand, responsable de la subdivision de la DDE à Avallon : «Nous n'avons fait qu'exécuter les travaux d'élargissement. C'est le conseil général qui en avait la maîtrise d'ouvrage.»

«J'ai découvert la grotte en 1981, elle se trouvait sur un terrain qui appartenait à ma femme», raconte Jean Burret. A Chamoux, beaucoup de gens la connaissaient. On la disait même dangeureuse, certains blocs menacaient de s'ébouler. En 1983, le boyau (25 m de long) est exploré par un spéléologue de Chablis, Bruno Bouchard. Il en dresse la topographie et la publie dans les « Crots de l'Yonne », un complément à « L'inventaire des grottes et gouffres de l'Yonne », établit en 1976 par Chabert et Maingonat.

Un os et des fragments de poterie

« En septembre 1991, je retourne dans « ma » grotte. Je gratte un peu. Et je trouve un os et des fragments de poterie, peut-être très anciens ? Je confie le tout à un expert. Un mois plus tard, le conseil général de l'Yonne me prévient que, dans le cadre de travaux d'élargissement de la départementale, il envisage de m'acheter 60 mètres de terrain ». Erreur du conseil général : la véritable propriétaire est l'ex-femme de Jean Burret.

C'est alors que le spéléologue décide de signaler l'existence de la grotte sur laquelle il est ne train de travailler. « Nous étions au courant de la présence d'un trou », reconnaît Jean-Michel Imbert, du conseil général. « Nous nous étions informés auprès du maire de Chamoux. On nous en avait parlé comme d'un vulgaire trou à renards. Renseignements pris à la DRAC, personne n'avait entendu parler de cette grotte. Avec l'autorisation de Mme Buret, les travaux ont donc commencé. »

Ce n'est que début novembre que Jean Buret, qui habite Avignon, apprend que « sa » grotte a été détruite. « Au lieu des 60 mètres initiaux, ils en ont pris 700. Les explosions ont éboulé l'entré. Je suis venu le 6 novembre prendre des photos. Je ne savais même plus où était la grotte. Et là, dans les gravats, j'ai vu un interstice. En déblayant, j'ai retrouvé le passage. Mais je suis très en colère : je suis bien décidé à porter plainte contre X. »

Pas de fouilles effectuées

Préhistorique ou pas, la grotte de Chamoux ? Si elle se situe juste en face du Cardoland - là où paissent les animaux antédiluviens de Cardo - aucun argument ne vient conforter les hypothèses de Jean Buret. Une seule personne pouvait éclairer la polémique : le spéléologue qui, le premier, a dressé la topographie de la grotte, Bruno Bouchard, président du Spéléo-Club de Chablis.

« C'est en cherchant une source « La Petite Gueule », vers Chamoux, que j'ai découvert la grotte en octobre 1983. Je n'y ai rien trouvé d'extraordinaire. A ma connaissance, aucune fouille n'y a jamais été effectuée. Le seul intérêt que la grotte avait pour moi, c'était celui d'exister, car très peu de cavités ont été recensées dans la région de Chamoux. » Mais Jean Buret n'a pas dit son dernier mot : il entend bien redonner vie à « sa » grotte.

V. S.

Article mis en ligne le : 17 avril 2008