Revue de Presse

Les gravures d´Arcy ont « 50 ans »

L'Yonne Republicaine, édition du mercredi 04 juillet 2001.

Arcy-sur-Cure. - Il y a 50 ans, trois jeunes découvraient les premières gravures d´Arcy-sur-Cure.

Un évènement déterminant pour l´archéologie et pour la notoriété du site. Samedi l´association archéologique Cora a célébré cet anniversaire en présence de l´un des inventeurs.

Moment d´émotion samedi autour des grottes d´Arcy-sur-Cure et de Saint-Moré. Avec un peu de retard sur la calendrier, l´association Cora implantée au presbytère de Saint-Moré a célébré le 50e anniversaire de la découverte de la première gravure de la grotte du Cheval, le 15 février 1946.

Cette année-là, Gérard Méraville et deux autres jeunes (qui travaillaient ensemble à l´usine d´aviation de Cravant et étaient logés à Arcy) avaient pris l´habitude d´aller prospecter dans le sous-sol d´Arcy-sur-Cure et de Saint-Moré. C´est au cours d´une de ces visites, que les trois spéléos sont tombés sur une gravure représentant un mammouth.

« Les conseils de l´abbé Lacroix »

Samedi matin, Gérard Méraville, qui a perdu la trace de ses deux amis « inventeurs » de la grotte du Cheval, était à SaintMoré. Devant un parterre d´archéologues et d´élus (le conseiller général de Vermenton et le député d´Avallon), en présence du sous-préfet d´Avallon, il a conté les conditions de cette découverte : « Près du lavoir des fées dans la grande grotte, nous avions trouvé des traces de foyer et de poteries au cours d´une de nos visites. C´est l´abbé Lacroix, de Joigny, qui nous a alors donné les premiers conseils de fouilles et fait connaître les ouvrages de l´abbé Parat. L´un d´eux était consacré à la grotte du Cheval qu´il avait fouillée en 1899 et on pouvait y lire cette phrase : « le temps m´a manqué pour poursuivre plus avant dans la grotte qui semble se développer au delà de l´éboulis ; c´est là du travail assuré pour les collègues de l´avenir ». Cela nous a donné envie de revoir l´entrée de cette grotte ».

« Nous somme restés muets d´étonnement »

Le 15 février 1946, après bien des difficultés pour franchir des éboulis, les trois jeunes gens progressent de galerie en galerie dans la grotte du Cheval : « Nous avions un équipement rudimentaire et un éclairage très voisin de celui des premiers occupants ! A environ 75 mètres de l´entrée nous avons alors aperçu et identifié la première ébauche de mammouth tracée à l´aide d´un silex taillé ou d´une concrétion. Sur la paroi d´une cheminée il y avait aussi des traces de doigts qui avaient glissé dans l´argile. Elles étaient recouvertes d´une coulée stalagmitique. En observant les parois nous avons découvert plusieurs figurations et, au beau milieu, le beau mammouth en marche. L´émotion nous a étreint, nous sommes restés muets d´étonnement pendant quelques minutes avant que notre joie éclate. Puis nous avons pris conscience de l´importance de notre découverte ».

Un ministre en visite

Ressortis à 22 heures de la grotte du Cheval, ils regagneront Arcy et informeront l´abbé Lacroix ainsi que le propriétaire des lieux et les sociétés archéologiques.

Leur trouvaille sera d´abord accueillie avec un certain scepticisme. Elle leur vaudra également d´être attaqués en justice. Mais une fois ces gravures authentifiées, d´éminents scientifiques dont le ministre d´Etat et archéologue Francique Gay viendront se pencher sur les gravures d´Arcy-sur-Cure. Autant de visites dont les « inventeurs » seront exclus...

En 1947, I´archéologue André Leroi-Gourhan se passionnera à son tour pour ces grottes ornées les plus septentrionales de l´hexagone. Il y reviendra chaque été jusqu´en 1963 pour autant de campagnes de fouilles. Avant que Pincevent encore plus au nord le détourne d´Arcy. Avant que Pierre Guilloré, de l´association Cora découvre en 1990 de nouvelles peintures et relance l´intérêt pour ces grottes fort visitées depuis des millénaires.

nc.

Les journées découvertes de l´association Cora

Fondée en 1987 par d´anciens spéléologues du groupe Parat et par des élèves du professeur Leroi-Gourhan, l´association Cora a élu domicile dans le presbytère de Saint-Moré. Un bâtiment rénové depuis par les soins de la commune.

Les membres de l´association Cora (du nom du camp romain qui surplombe Saint-Moré) ont fait de cette demeure leur camp de base pour leurs campagnes de fouilles et pour la mission qu´ils s´étaient fixé au départ : protéger et mettre en valeur le patrimoine naturel et archéologique de la région d´Arcy-sur-Cure et de Saint-Moré.

Aujourd´hui, I´association propose aux visiteurs plusieurs publications sur les cavités et les carrières de sarcophages qui surplombent les boucles de la Cure et également sur le camp romain de Cora.

Samedi les élus et le sous-préfet d´Avallon ont encouragé les membres de Cora dans leur mission d´information, avant peut-être de leur venir en aide financièrement ? Yves Van Haecke a, quant à lui, rappelé son souhait de rénover le musée d´Avallon qui renferme une grande partie des trouvailles d´Arcy et de Saint-Moré.

En attendant, l´association proposera cet été d´aider les visiteurs à découvrir les falaises et les cavités qui surplombent la Cure et la nationale. Ces excursions-guidées d´une journée (9 h 30 -17 h 30) ou d´une demi-journée s´adressent aux groupes. Elles se feront le week-end et exceptionnellement en semaine à condition de réserver à l´avance, téL. 86.33.44. 19.

Participation : 60 F pour les adultes, 30 F pour les enfants. Une exposition résumé de l´occupation successive du site d´Arcy-Saint-Moré est visible en permanence au presbytère de Saint-Moré, de 9 à 18 heures.

Attaqués en justice pour fouilles illégales

« On nous a dit qu´il ressemblait un peu trop à un éléphant, notre mammouth ! » Sourit encore aujourd´hui Gérard Méraville. Avant qu´un membre du musée de l´homme n´identifie les gravures, les découvertes de février 1946 et celles réalisées par d´autres membres du groupe I´été suivant (gravure de cheval et de mammouth) ont été accueillies par un certain scepticisme.

Un article dans « l´Yonne Républicaine » relatant leur découverte leur vaudra ensuite d´être poursuivi en justice : « A la suite d´une plainte de René Louis, Le groupe spéléologique préhistorique Parat a été attaqué pour prospections archéologiques sans autorisation, et fouilles illégales à Arcy et à Saint-Père-sous-Vézelay. Les gendarmes sont venus perquisitionner au siège de l´association et ils ont même rampé dans la grotte à la recherche de pièces à convictions. Ils ont finalement trouvé une semelle de crêpe et un piolet. Ils ont aussi saisi du matériel et des objets archéologiques. Mais ils sont passés à côté des gravures sans les voir... », poursuit Gérard Méraville.

Cette affaire sera finalement classée sans suite. Mais les découvertes feront grand bruit.

Article mis en ligne le : 17 avril 2008