Revue de Presse

Arcy-sur-Cure : Miraculées du fond des âges

L'Yonne Republicaine, édition du jeudi 08 mars 2018.

Elles rouvrent à la fin du mois de mars 2018 : les grottes d'Arcy-sur-Cure figurent parmi les principales destinations touristiques de l'Yonne. Chaque année, plus de 30.000 visiteurs se pressent pour découvrir le site. Curieux, notamment, de voir ses étonnantes peintures. Deux spécialistes reviennent sur les raisons qui font de ces œuvres préhistoriques une singularité à ne pas manquer.

1. Parmi les plus anciennes existantes

Les plus anciennes peintures des grottes d'Arcy-sur-Cure datent d'environ 28.000 ans, indique Dominique Baffier, une des archéologues qui oeuvre minutieusement à leur restauration.

Ces oeuvres préhistoriques se situent sur les parois des salles éloignées de 300 à 500 mètres de l'entrée. Elles font partie des plus veilles retrouvées dans le monde. Après celles de la grotte Chauvet (31.000 années au compteur). Mais bien avant celles de Lascaux (15.000 à 18.000 ans), à titre de comparaison.

Plus largement, l'Homme fréquente le site (creusé par la Cure voisine dans un massif calcaire) depuis au moins 200.000 ans.

2. Des miraculées

Depuis le début des années 1990, les spécialistes ont découvert ­«160 ensembles de peintures» dans ces grottes d'Arcy-sur-Cure, explique Maurice Hardy, archéologue au CNRS.

«Celles qui restent sont des miraculées», souligne de son côté Dominique Baffier. Au moins 80 % de ces réalisations préhistoriques ont été détruites lors d'un nettoyage malencontreux des parois par un jet à haute pression (assorti d'une solution d'acide chlorhydrique) au tournant des années 1980. À l'époque, personne n'imaginait la présence de ce trésor venu du fond des âges, mais dissimulé sous une couche de calcaire.

Aujourd'hui, le public peut découvrir seulement une partie de ces peintures. «Par mesure de sécurité, et pour éviter de les abîmer», rappelle Maurice Hardy.

3. Autant de traces d'un passé mystérieux

Retrouvés sur les parois, les dessins de mammouths, d'ours, de félin, de rhinocéros laineux... Des peintures réalisées à l'ocre et au charbon de bois, avec des outils rudimentaires. Autant de «chefs-d'oeuvre du Paléolithique», apprécie Dominique Baffier. Aussi visibles, des empreintes de mains d'hommes, de femmes ou d'enfants... qui donnent «une réalité physique» aux humains de l'époque. Des ancêtres semblables à nous, mais de tailles imposantes, selon leurs traces. «En moyenne, ils devaient mesurer 1,75 mètre», évoque la spécialiste. Des chasseurs-cueilleurs, on image en très bonne condition physique, et capables de survivre dans un milieu naturel hostile.

Particularité des grottes : les trois quarts de ces peintures représentent des animaux dangereux. Il s'agit du premier site mis à jour avec un bestiaire majoritairement de ce type. Les œuvres des hommes préhistoriques mettent généralement en scène des chevaux, des cerfs, ou encore des oiseaux. Bref, des bêtes moins redoutables pour l'Homme.

Comment expliquer ce thème bien particulier ? Difficile à dire, analysent les deux spécialistes. Peut-être «un changement de croyance», suggère Dominique Baffier. Qui rappelle qu'il faut se montrer prudent en matière d'hypothèse en la matière. L'Homme moderne tente souvent d'appliquer sa grille de lecture, détournant le sens premier de ces créations venues de la nuit de temps. Aussi, le mieux reste sûrement d'aller sur place et de se faire une idée soi-même...

J. Pépinot

Article mis en ligne le : 09 mars 2018