Revue de Presse

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Arcy : sur la piste de Neandertal

L'Yonne Republicaine, édition du jeudi 18 juin 2009.

Bientôt terminées, de nouvelles fouilles ont livré des restes de faune. Mais pas d'ossements humains, comme espéré.

Des os d'hyènes, de chevaux sauvages, d'ours, de rongeurs... Les traces de vie animale continuent à être dégagées du sol, à Arcy-sur-Cure. Depuis le 25 mai, une équipe d'archéologues conduite par Francine David s'affaire sur le site de la grotte du Bison, l'une des nombreuses cavités recensées à proximité de la Grande grotte dont les peintures rupestres attirent chaque année des milliers de visiteurs. Des fouilles qui touchent à leur fin.

L'an dernier, les chercheurs avaient eu la main heureuse en découvrant un fragment de mâchoire attribué à un Néandertalien (l'YR du 2 août 2008). Une découverte exceptionnelle réalisée dans la grotte du Bison, à quelques dizaines de mètres des eaux de la Cure. La datation de cefragment, toujours en cours d'analyse, oscille dans une fourchette comprise entre « 40 000 ans et 80 000 ans ».

Six foyers néandertaliens

Les archéologues aimeraient bien recueillir de nouveaux restes humains. « On peut toujours l'espérer. C'est un rêve », confient-ils. S'ils estiment que leurs chances sont minces, plusieurs indices entretiennent cette flamme. « On a retrouvé ici six foyers de l'époque moustérienne, donc du paléolithique moyen, donc neandertaliens », souligne Michel Girard. « C'est une forte densité pour les sites moustériens connus en France », indique-t-il. Chercheur américain, Jim Enloe se concentre pour sa part sur la période chatelperronnienne, une ère de transition entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur. « C'est à cette époque, vers 35 000 ans, que Neandertal a commencé à changer de comportement » rapporte Jim Enloe. « Est-ce dû à une acculturation, à une copie de la culture des Sapiens par Neandertal ? » Comme l'ensemble de la communauté scientifique, « le processus de remplacement de Neandertal par Sapiens » le taraude. « C'est pourquoi je suis tellement excité de fouiller dans cette couche », sourit-il.

A ce jour, aucun os humain n'a refait surface. Habitués à cette « école de la patience » qu'est l'archéologie, les scientifiques demeurent plein d'entrain. « Les os d'animaux nous renseignent sur les techniques de boucherie utilisées », explique Francine David. « L'objectif de cette fouille, c'est de faire parler l'environnement pour comprendre l'évolution du site », ajoute-t-elle. Un site occupé tour à tour par des bêtes et des hommes. Et marqué par de nombreux bouleversements géologiques ; une partie du plafond de la grotte du bison s'est ainsi effondrée, compliquant la tâche de l'équipe. « Ça fait 14 ans qu'on est ici et ce n'est pas fini », lâche Michel Girard, en Homo sapiens sapiens averti.

Ludovic BERGER

Plus de 40 fois millénaire

Joyau de la précédente campagne de fouilles, le maxillaire supérieur droit de Néandertalien est vieux de plus de 40 000 ans. « Ce fragment appartient à un adulte mais on ne peut pas déterminer s'il s'agit d'un homme ou d'une femme », indique Anne-Marie Tillier, une scientifique bordelaise qui s'est vue confier l'analyse. Celui-ci a-t-il été traîné dans la grotte du Bison par un prédateur ? Il porte en tout cas des traces de dents laissant supposer qu'il a servi à améliorer l'ordinaire d'un animal, peut-être une hyène. Trois autres dents humaines, isolées, ont également été retrouvées l'an dernier à proximité. « Deux d'entre elles appartiennent à un individu beaucoup plus jeune », précise Anne-Marie Tillier, dont l'étude se poursuit.

Article mis en ligne le : 19 juin 2009