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Nettoyage de la grotte de la Malpierre

Article publié par L. OFFREDO le lundi 08 septembre 2008.

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Suite à la visite de la semaine passée à la Malpierre et compte tenu que le mauvais temps avait contrecarré nos autres projets, nous avons décidé de commencer le nettoyage de la grotte de la Malpierre ce dimanche 7 septembre.
Rappelons que la grotte de la Malpierre a été sali par :
- la fréquentation (déchets et traces sur les concrétions)
- le décapage du dessus de la grotte lors de la reprise de l'exploitation de la carrière, qui a facilité les infiltrations d'eau terreuse ou poussièreuse.

Bruno, Florence, Fredy, Guillaume, Jérôme, Laurent, Loïc, Nicolas et Pascal se sont donc retrouvés devant la grotte à 10h00, avec le matériel suivant :
- 2 pulvérisateurs pour plantes de 0,5 l.
- 3 pulvérisateurs pour plantes de 1 l.
- 2 pulvérisateurs de jardin de 5 l
- 1 pulvérisateurs pour arboriculture de 12 l.
- différents bidons et bouteilles.
- diverses brosses : 5 dures et 4 tendres et 2 petites (brosses à ongles)
- 2 goupillons (pour biberon)
- 2 brosses à dents !

Tous les récipients étaient remplis d'eau (y compris les pulvérisateurs), soit 55 litres, c'est-à-dire plus de 55 kg de matériel à traîner sur les 70 mètres d'étroitures de la cavité. Le matériel était rangé dans 9 kits, à l'exception du pulvérisateur de 12 litres que l'on traînait en dehors des sacs.

La première difficulté a été d'acheminer ce matériel sur la zone à nettoyer. En faisant une chaîne de 7 personnes, nous l'avons fait suivre, étroiture après étroiture. Cette marche lente était fermée par Fredy et Guillaume qui retiraient de la cavité les divers déchets que l'on y rencontre, et qui nettoyaient les traces de noir de fumée (avec de l'eau et un pulvérisateur).

Une fois arrivé dans la zone concrétionnée, tout le monde s'est mis au travail avec le matériel.
Rapidement, il s'est avéré que :
- les brosses sont guère utiles et peu efficaces ; il n'est pas nécessaire d'un emporter autant.
- il est inutile d'insister sur certaines zones : la calcite a parfois déjà recouvert les traces de terres ou de frottement...
- Après qu'une zone ait été nettoyée, il faut y passer un jet d'eau pour rincer et faire couler l'eau terreuse complètement vers le sol ; évidemment, il faut nettoyer du haut vers le bas.
- ce travail rend l'ambiance assez humide...
- certains pulvérisateurs sont plus efficaces que d'autres ; notamment le 12 litres, vendu pour traiter des arbres propulse l'eau avec plus de force que les 5 litres. Le résultat obtenu est alors bien meilleur ; l'inconvénient, c'est qu'il consomme plus d'eau.
Le pulvérisateur de 12 l. est utilisé en arboriculture. Sa plus grande efficacité par rapport aux pulvérisateurs de jardin 5 l vient certainement du gicleur qui laisse passer un jet. Le récipient n'est pas mis en pression (il y a même un trou dans le bouchon du réservoir pour laisser entrer l'air), mais l'eau est mise sous "pression" par un va et vient avec un piston installé sur la lance.
La documentation dit que le jet va à 7 m à l'horizontale et 5,30 m à la verticale. A 3 bars, la consommation est alors de 0,85 litres à la minute.
Pour les 5 l. (pulvérisateurs de jardin), c'est grâce à une pompe manuelle que la pression monte à 3 bars à l'intérieur du récipient. Une soupape de sécurité empêche d'aller au delà. Ensuite le jet est obtenu grâce à une gachette installée sur la lance. La force de ce jet va donc en diminuant en même temps que la pression diminue à l'intérieur du récipient. La consommation est de 0,27 à 0,92 l/mn selon ouverture du gicleur pour une pression à 3 bars, en supposant que celle-ci est continue. Pour l'obtenir, quelqu'un peut pomper en même temps qu'un autre arrose. C'est ce que Nico et Bruno ont fait... Et il n'est pas certain que l'on atteigne les 3 bars dans le récipient de cette façon.
Le résultat est quand même (un peu) plus efficace mais la consommation d'eau augmente !

Les petits pulvérisateurs pour plantes sont également très efficaces. Mais la surface traitée est plus faible ; il faut donc les utiliser pour les endroits délicats d'accès ou pour de petites concrétions souillées. A force d'appuyer sur la gachette, on se muscle les doigts !

Malheureusement, ce travail s'est arrêté par manque d'eau, et tout le monde était ressorti après 14h00.
Nous nous sommes retrouvés chez Nicolas et Delphine pour d'excellentes moules frites (ou des saucisses pour les plus difficiles). Personne n'étant venue les mains vides, il y avait de quoi boire, blanc ou rouge, de la région, d'autres régions de France et même du Chili.
Merci à Delphine, qui n'a pas pu nous accompagner sous terre mais qui a eu la gentillesse de s'abîmer les doigts sur le nettoyage des 10 kg de moules. Et le gâteau aux pommes de Loïc était excellent aussi.

Les bons côtés :
- le nettoyage à l'eau a une certaine efficacité, et les pulvérisateurs sont bien adaptés, surtout celui utilisé en arboriculture.
- la cavité retrouve un peu de sa blancheur d'antan.
- l'ambiance a été très sympa (comme d'habitude).

Les moyens côtés :
- il y a encore du boulot, c'est pas fini, il faudra y retourner.
- il faudra penser à un moyen efficace pour avoir sur place plus d'eau... mais ce n'est pas le plus facile dans ce secteur.

Les mauvais côtés :
- malgré tous les efforts déployés, la grotte ne retrouvera jamais la blancheur du jour de sa découverte (1975). Dans beaucoup d'endroits, la terre est déjà prise sous une fine couche de calcite, ou bien, les concrétions poreuses rendent le nettoyage impossible.
- quand on nettoie une cavité, et que l'on regarde d'un peu plus près toutes les cochonneries qui traînent, on découvre que certaines viennent d'être déposées : par exemple pour aujourd'hui, poils de brosses, ampoule perdue...

Comme quoi, quoiqu'on fasse, nos traces s'inscrivent toujours un peu dans le milieu souterrain...

Cette action est subventionnée par le CNDS, avec l'aide de la DDJS89 et du CDOS89.

Références :
Spelunca 35, juillet-septembre 1989. Protection des cavernes du Milieu Karstique.
Plus précisément :
CABROL, P. 1989. Solutions pratiques pour nettoyer une cavité souillée. In Spelunca N°35 juillet-septembre 1989 : 23-24
DE BIE P. 2002. Quelques méthodes pour la conservation des concrétions. In Spelunca N°86 2è trimestre 2002 : 12-19