PLONGEE DE ARNOLD HAID AU SIPHON DES GOULETTES
Présentation :
Le S du méandre d'ARCY SUR CURE et de ST MORE est bien connu des archéologues et des spéléos. En effet, la cure en cherchant son chemin s'est frayé plusieurs passages souterrains à travers le plateau. Cependant, mis a part la Grande Grotte qui est exploitée à des fins touristiques depuis plus de deux siècles, les bords de la Cure regorgent de cavités et de réseaux de moindre importance au premier abord car la progression dans ce genre de trous est vite stoppée par l'eau qui forme les siphons.
Les Goulettes et Barbe Bleue ont deux siphons qui jusque là sont restés infranchis.
La Cure qui prend sa source sur le plateau du Morvan, draine des sédiments tout au long de son parcours, ce qui lui donne une couleur brune toute l'année. Les pertes de la Cure qui traversent le plateau pour former la rivière des Goulettes ressortent un bon kilomètre plus loin à Barbe Bleue. Le niveau souvent élevé de l'eau suffit à noyer entièrement ou presque les galeries.
Les explorations d'après Arnold HAID.
La première visite aux Goulettes : dans les cavités, les trois premiers mètres en goulet livrent accès a 300m de galeries spacieuses. La traversée des Goulettes est plaisante et la rencontre avec le S1 est envoûtante, inquiétante, mais aussi attirante.
Equipé d'un bi 2x3.5 et d'un éclairage puissant il est impossible de lire les manomètres en raison d'une eau très opaque. Je me glisse dans le plan d'eau et cherche pendant plusieurs minutes l'accès au départ du siphon. Après un premier échec je replonge et trouve l'entrée a un mètre de profondeur, le diamètre ne dépasse pas un mètre; ce n'est guère engageant. Dès le début de l'équipement en fil d'Ariane je cherche à tâtons dans ce boyau de glaise. Mon corps tout entier est engagé, je suis en position semi-horizontale et sur le dos, je progresse très lentement et j'arrive en palpant à imaginé une diaclase assez large. 15m de fil a étés tirés depuis mon départ et aucun becquet ne permet de le fixer. Retour après 20mn sur autonomie mais je retrouve sans aucun problème la sortie. Je sais déjà que je reviendrai aux Goulettes.
Deuxième visite : c'est les hivers. Cette fois ci bi 2x10. Je me faufile dans le siphon et décide de rester au plafond, je déroule du fil d'une main et de l'autre j'ai l'impression de toucher de la roche et le plafond ce relève après 10m environ. Un orifice de 0,80m cette présente a moi je suis à -3m au bout de quelques mètres je m'aperçoit que je suis dans un cul de sac. Après avoir fais demi-tour je découvre un autre accès, la galerie se coude à 90 degrés et mon gros bi refuse de passer. Fin de plongée.
Nous sommes maintenant en 1993 et plusieurs années ont passé depuis le début des explorations et me revoilà une fois de plus aux Goulettes. J'arrive à mon terminus et y retrouve le dévidoir, la visibilité est de 50cm et remarque que les particules se déplacent lorsque je suis immobile et décide donc de les suivre. Je me retrouve à la cote -9m a plat ventre dans le touille sans aucune visibilité j'ignore si je peu faire demi-tour. La voûte est arrondie et redevient une faille provisoire avec deux passages délicats. Ca y est je suis passé, l'émotion est vive et l'impression étrange. Mes oreilles me laissent penser que je remonte, mon casque heurte la roche et j'ai peur d'être obligé une fois de plus de faire demi-tour. Enfin je perce la surface, je suis dans une petite cloche de 5m2. J'accroche mon fil aux quelques rognons présent après avoir enfin franchit le S1.
Je songe à faire demi-tour mais l'attirance de la découverte prend le dessus et décide de continuer la progression. Le fil est fixé à deux endroits, je cherche la suite qui ne se laisse pas deviner. Je m'immerge et me glisse dans un passage mais je suis vite coincé. Je me faufile dans un second boyau qui cette fois ci sera le bon. Je progresse de 3m et débouche dans une voûte mouillante de 50cm de haut et d'une dizaine de mètres de long et me retrouve devant une nouvelle difficulté : mon dévidoir refuse de faire son boulot il est bloqué, je repars dans le sens de la sortie.
Trois semaine plus tard, me revoilà devant le S1, je passe le premier siphon et ne donne qu'un petit coup d'œil a la cloche et me retrouve rapidement au début du S2. 90m sont parcourus dans le style sanglier des Ardennes et en reptation lorsqu'il y a assez d'eau. Il n'y a pas un endroit ou l'on peut se mettre debout. Le troisième siphon se trouve devant moi lorsque c'est maintenant mon éclairage qui décide de faire grève, retour sur éclairage de sécurité.
Nouvelle plongée : pour la deuxième fois je suis au départ du S3, la suite paraît évidente, le siphon plonge sur 2m dans la continuité de la galerie et ne mesure qu'une dizaine de mètres. Les bouteilles dans mon kit ne font que 3.5L car les étroites ne supporteraient pas plus gros. Derrière le S3, je découvre une galerie de 160m sur 3m de large qui m'oblige à la traverser à genou. Le S4 est devant moi et mis reprend à deux fois pour le franchir.
Le passage est à droite, je progresse de 10m par 2m de profondeur et sort a l'air libre une fois de plus .Cette fois la galerie change d'aspect. Et je n'ai que la tête qui sort de l'eau. Elle mesure 5 a 6m de large sur 40m de long. J'ai pied d'un bout a l'autre mais le boyau change rapidement pour se transformer en sifflet. Je plonge de nouveau et me retrouve dans un incroyable touille sous 2a3m d'eau ou je perds rapidement le sens de l'orientation. Sans plombs largables et sans aucune aspérité, il n'y a rien pour accrocher mon fil, je fais une fois de plus demi-tour. Mais heureux d'entrer dans le S5.
Arcy-sur-Cure ou plutôt St Moré m'attire de plus en plus, mais pas seulement le 5eme siphon. A force de fréquenter le site et au fil des années on y cotoit des personnages plus que sympathiques tel que Jean Claude LIGER, Danielle…. A tel point que j en oublie certaine fois le 5eme siphon des goulettes, mais revenons à ce dernier. En 1999 Philippe RADET mon ami et équipier de plongée m'accompagnent et m'aident dans ma progression jusqu'au départ du S1. C'est en nourrissant sans doute quelques regrets que Philippe me regarde partir mais par respect me laisse poursuivre mon explo. Les 4 siphons se passent sans problème, je suis au départ du S5 pour la seconde fois, j'attache mon fil avec un peu de difficulté et me laisse guider au petit bonheur; je fais 10 a 15m mais l'impression n'est pas bonne et je reviens sur mes pas (ou palmes) .Cette fois ci je décide d'aller un peu plus vers la droite et la, au bout de quelques mètres j'ai comme un léger sentiment d'avancer sans bouger, le sol est moins glaiseux (un peu plus dur), je crois glisser doucement dessus car il y a de la pente. A peine le temps de me faire à cette idée que je touche le plafond qui est venu à ma rencontre car je n ai pas remonté. A tâtons, je suis la voûte doucement, elle remonte, je cherche à attacher mon fil mais sur quoi ? Des petits plombs largables que j'avais pris la précaution d'emporter feront difficilement l'affaire, ils sont un trop légers et mon fil continue à ce promener de gauche a droite. Est ce une excuse suffisante pour stopper ma progression, ou bien la trouille ou touille mais je décide de faire une fois de plus demi-tour alors que j'allais peut-être sortir de bourbier de 5eme siphon. Je préfère que la sécurité soit primeur, il est bien connu que seul les héros ont un monument au-dessus de leurs têtes. La date du 16 septembre est fixée pour savoir si la voûte remonte belle et bien, d'ici la, j'aurais le temps de préparés des piquets pour tenir le fil d'Ariane dans la glaise.
Philippe RADET d'après Arnold HAID
A SUIVRE...