Classement des principaux sites :
par le Spéléo Club de Chablis.
SC Chablis - B. Bouchard
C'est lors d'une étude pour un captage que l'origine karstique de la source a été mise en évidence : dans le début des années 1970, le Syndicat de Charny recherche un complément en eau potable de 200 m3/heure ; il fait alors appel aux services du Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM). En 1974, la source du Moulin Blanc est considérée comme une résurgence de la nappe de la craie du Sénonien ou du Turonien et son étude est conseillée pour mieux cerner le bassin d'alimentation.
Lors d'une nouvelle campagne de mesures, une relation entre les pertes du plateau, à 4 km de là, et la source est démontrée. Des plongeurs de la société SONDARALP effectue une reconnaissance par plongée le 14 octobre 1975 et descendent jusque vers -19 m.
Le captage initialement prévu n'aura jamais lieu : le propriétaire de l'étang s'y oppose. La source est alors oubliée durant quelques années.
Le 24 novembre 1985, sur conseil du Spéléo-Club de Chablis, Xavier Goyet, membre des Plongeurs Spéléologues de Paris, s'attaque à l'exploration subaquatique de la source. Secondé par Frédéric Boilève et Marc Guillaume, il dépasse l'étroiture qui avait arrêté les premiers plongeurs, et suit la voûte d'une galerie déclive sur près de 100 m et jusque vers la profondeur de 55 mètres.
En 1998, Jean-Marc Lebel fait une nouvelle tentative de plongée, mais sans réussir à dépasser le terminus précédent.
La source s'ouvre dans un étang au fond envasé. On accède à la cavité noyée par un entonnoir profond de 7 m. Le diamètre atteint 13 m au sommet et 2 m à la base. L'entonnoir se prolonge par un goulet vertical qui descend jusqu'à la profondeur de 15 m. Son diamètre est juste suffisant pour laisser passer un plongeur, bouteilles sur le dos. Une galerie déclive prolonge la cavité : large au départ de 60 à 80 cm, elle peut être parcourue sans grande difficulté jusqu'à la cote -55 m.
La voûte laisse entrevoir une paroi de craie, blanche et cupulée. La galerie se dirige vers le sud, c'est-à-dire vers l'amont des rivières. Une fissure impénétrable stoppe la progression.
La visibilité est réduite par l'argile en suspension qui se détache des parois ou du sol au passage du plongeur. Il ne subsiste donc qu'une vision partielle de la cavité.
On notera qu'au printemps, l'eau sort troublé alors que, en période de basses eaux, on distingue plus nettement les abords de l'entonnoir.
L'entonnoir d'entrée, formant le fond de l'étang, est creusé dans une couche d'alluvion constituée de terre végétale et limoneuse épaisse d'1 m, puis d'argile et de galets mêlés. La cavité se développe essentiellement dans la craie du Turonien. Celle-ci est constituée de plusieurs couches alternativement compactes et fissurées sur 6,50 m. Elles reposent sur un niveau plus uniforme de craie marneuse.
Le débit de la source varie de 43 l/s à 254 l/s. Elle est essentiellement alimentée par des pertes importantes situées plus en amont, dans le lit même de la rivière. Toutefois, une coloration effectuée dans les pertes du Ru du Cuivre a montré qu'il existait une autre relation avec le Moulin Blanc. Le colorant a mis 48h00 pour parcourir la distance minimale de 4 km, soit une vitesse légèrement supérieure à 80 m/h. C'est relativement faible pour la région et le ru du Cuivre ne participe certainement pas de façon essentielle à l'alimentation de la source.
On distingue au moins trois autres sources situées plus au sud dans le même étang. La plus importante se présente également sous la forme d'un entonnoir. Nous ne savons pas si elle est pénétrable.
- BRGM, Détermination de l'alimentation des Sources du Moulin Blanc à Charny (89), Note Technique n°1, juillet 1975,
- BRGM, Sources du Moulin Blanc à Charny. Renseignements hydrologiques complémentaires, Note Technique n°2, mars 1976,
- Spéléo-Club de Chablis, Crots de l'Yonne, Janvier 1984, Page 62,
- Sous le Plancher n°2, 1987 – pages 54 à 59,
- Sous le Plancher n°13, 1998 – page 76.