Classement des principaux sites :
par le Spéléo Club de Chablis.
SC Chablis - D. Hugot
La grotte a porté différents noms : trou de la Barbe-Bleue, grotte ou fontaine du
Chastenay, grotte de l'Entonnoir, avant de prendre en 1943 son nom actuel.
L'abbé Parât connaissait l'existence de la cavité mais n'en a certainement jamais
tenté l'exploration. C'est le 4 avril 1902 que la coloration de la perte des Goulettes
par Max Le Couppey de la Forest ressortit à Barbe-Bleue. Les premières visites datent
probablement de 1912. Selon les observations du Groupe Spéléologique et Préhistorique
Parât, elles ne dépassent pas la salle du Casque. En 1946, le G.S.P.P. franchit
le semi-siphon de 30 m et découvre la partie amont. Vers 1950, il commence les travaux
de désobstruction du laminoir de la salle du Lac.
Le 4 août 1954 prend place le drame qui endeuille l'exploration de la grotte : Marc
Méraville et Christian Boblin trouvent la mort dans le semi-siphon de 30 m. Une
plaque a été posée à l'entrée de la grotte pour en perpétuer le souvenir. L'accident
fut causé par une brusque montée des eaux de la Cure qui noya le boyau où progressaient
les deux jeunes gens.
En août 1955, le G.S.P.P. réalise la jonction Salle du Casque-Salle du Chaos en
désobstruant une chatière : il évite ainsi le semi-siphon de 30 m.
Le 1er mai 1964, le G.S.P.P. procède à la coloration qui mit en évidence la liaison
rivière des Fées-grotte de Barbe-Bleue.
Le 2 septembre 1967, le Groupe Spéléologique Yonne-Vercors entame la désobstruction
pour joindre l'étage intermédiaire et la salle du Casque. Les travaux se poursuivront
jusqu'en juillet 1968.
L'orientation générale de la cavité est plein ouest. On peut distinguer quatre parties principales :
- La zone de mise en charge,
- La Salle du Casque,
- Les étages supérieurs,
- Le réseau amont.
La zone de mise en charge.
Elle commence par la galerie d'entrée, très basse, longue de 8 m. Après une chicane,
la voûte se relève lentement au-dessus d'un bief élargi, bordé de lames rocheuses acérées.
On atteint une galerie plus confortable, longue de 12 m, aboutissant à un entassement de
roches au pied d’une cheminée de 5 m qui donne accès au premier étage supérieur.
En poursuivant dans le réseau actif, on enjambe un bloc en équilibre instable, puis on pénètre
dans une boue grasse, noire et malodorante. La galerie, haute de 1,60 m, large de 0,80 m,
s'achève après 5-6 m sur un plan d'eau calme, bras mort de la rivière qui bruit à quelques mètres.
Cette galerie est en fait plus complexe : elle longe une série de voûtes mouillantes qui en
portent parfois la largeur à 5 m. On arrive bientôt dans la galerie des Dalles, longue de 25 m,
où le courant de la rivière se fait sentir. On progresse sous une voûte hérissée de crocs.
Des canaux transversaux recoupent la galerie. On est alors dans la zone véritablement
dangereuse de la cavité, sensible à la moindre crue de la Cure.
A l’extrémité de la galerie, après s'être hissé sur la berge boueuse,
un laminoir redonne par un étroit soupirail sur la rivière (jonction en T).
Au nord-est un siphon termine la nouvelle galerie rencontrée. Au sud-ouest vers l'amont,
la galerie prend de l’ampleur. Haute de 1,80 m, large de 2, longue de 15, rectiligne,
elle arrive par une nouvelle jonction en T sur une galerie basse. La branche de gauche,
d'abord en voûte mouillante sur 5 m, débouche sur une galerie dans laquelle la rivière se
disperse en un delta de voûtes basses et de siphons. Une cheminée de 5 m donne accès au
second étage supérieur, dit étage intermédiaire.
La branche de droite est également une voûte mouillante, large de 3 m, où l'on se déplace
la joue collée au plafond. Elle mène à la salle du Casque.
La Salle du Casque.
Elle est composée d'un plan d'eau profond encombré d'éboulis. Elle a la forme d'un triangle
isocèle grossier dont la base est longue d'une quinzaine de mètres. De la salle part un chemin
d'accès à l'étage supérieur et dans l’angle nord-ouest, au ras de l'eau, s'ouvre un soupirail
très bas qui est l'entrée du semi-siphon de 30 m, rarement désamorcé de nos jours et autrefois
la seule voie d'accès à la partie amont de la cavité.
Le semi-siphon semble canaliser le cours entier de la rivière : il tend, au fil
des années, à se transformer en un siphon véritable, toujours noyé. Cependant,
vers 1955, on le franchissait sans trop de difficulté aux époques les plus favorables.
On peut expliquer ce phénomène par le fait que les Goulettes tendent à redevenir ce qu'elles
furent dans le passé, une perte directe de la Cure avec une capacité d'absorption plus grande.
Les étages supérieurs.
Ce sont eux qui renferment les possibilités les plus grandes de découvrir des prolongements
en direction du réseau des Fées.
Le premier étage supérieur s'atteint en escaladant la cheminée de 5 m déjà signalée, Il est
constitué d'une salle circulaire de 10 m de diamètre dont le plancher est l'entonnoir de la
trémie d'éboulis par laquelle on y accède. Au sud s'ouvre une chatière précédant un bassin
peu profond. Au-delà, s'étend un laminoir aux frontières mal définies, en forme de rotonde,
s'achevant sur des amorces de boyau. Une liaison acoustique a été établie avec l’un d’entre
eux et la grotte supérieure de Barbe-Bleue.
Le second étage supérieur dit étage intermédiaire, plus complexe, semble également
propice à de nouvelles découvertes. On l'atteint aussi par une cheminée-trémie de 5 m.
Il est constitué d'une salle basse, au sol en forme d'entonnoir. A gauche, elle s'abaisse
vers des laminoirs impénétrables. Sur la droite part un boyau rocheux, haut de 1 m, long de 8 m,
se terminant sur un colmatage argileux. En face, elle est prolongée par un grand laminoir mais un
effondrement de la masse argileuse a ménagé une tranchée dans laquelle on peut progresser debout
et dont le sol est troué de suçoirs. 20 m plus loin, la tranchée s'achève sur un laminoir revêtu
d'un épais concrétionnement. Dans l'étroiture terminale a été décelé un courant d'air, laissant
supposer un vide important au-delà. A l'ouest du grand laminoir, s'amorcent des boyaux argileux
qui permettraient de rejoindre l'étage supérieur de la salle du Casque.
Le réseau amont.
De la salle du Casque, en escaladant un éboulis, on atteint un laminoir très vaste, long de 30 m
et large de près de 20 m. La reptation est nécessaire pour progresser. Sur la droite, s'ouvre
une petite dépression étroite au fond de 1 laquelle part un boyau glaiseux, large de 1,50 m,
mais envahi par une coulée stalagmitique allant s'épaississant et 1 le transformant en une des
plus rudes chatières du massif. Cette étroiture donne accès à la salle du Chaos où arrive également
le semi-siphon de 30 m. La salle du Chaos, occupée par l'eau de la rivière et des blocs éboulés,
est une rotonde de 10 m de diamètre et haute de 7 m.
Une escalade assez difficile permet de prendre pied dans un boyau concrétionné qui est la suite
du boyau d'accès. La diminution du concrétionnement transforme le boyau en une galerie de 1 m sur 1,
longue de 30 m. Elle débouche dans la salle du Lac qui est la dernière partie de la caverne.
Cette salle mesure 55 m de longueur et 20 m dans sa plus grande largeur. Le plafond, plat et
uniforme, est 7 m au-dessus des eaux. Sur !a gauche, une masse énorme d'argile domine la rivière.
L'extrémité de la salle est occupée par un lac grossièrement carré. Il est bordé à gauche par
la continuation du talus d'argile. Une plongée, sous la 1 paroi occidentale du lac, a permis
de repérer, 1,50 m sous la surface, une arrivée d'eau haute de 0,50 m et large de 1,50 m.
A l'extrémité du talus d'argile, s'ouvre un boyau en pente qui s'amenuise et s'achève sur un
goulet ménagé entre le toit et de gros blocs entassés. Un courant d'air y a été décelé mais
la désobstruction s'avère difficile et dangereuse.
La grotte n'est donc pas entièrement explorée. Une désobstruction permettant l'accès aux étages
fossiles depuis l'extérieur et de ce fait un accès sans danger à la grotte en toutes saisons,
est le premier travail à envisager. On sait que la cavité est l'exutoire de la perte des
Goulettes et du réseau des Fées et qu'un courant d'air s'échappe de certains boyaux de
l'étage supérieur. La vitesse à laquelle circule l'eau à travers le massif milite en faveur
d'un écoulement libre en galerie. Il est beaucoup trop tôt pour dire où exactement conflue
l'eau de la rivière des Fées avec celle issue de la perte des Goulettes. Seule la reprise
du travail spéléologique, les désobstructions et les plongées en siphon, permettront de
lever ces diverses inconnues.