Sens. - S'il ne s'agit pas à proprement parler d´une découverte archéologique, il s'agit au moins d'une intéressante mise à jour.
Des travaux de terrassement de deux pavillons et de garages, avenue de Lorrach, ont permis de mettre hors de terre un vestige en très bon état d´une section de l´acqueduc romain qui alimentait en eau la cité gallo-romaine dès le Ier siècle aprèst Jésus-Christ. Les caractéristiques et le tracé de l´ouvrage sont parfaitement connus depuis les premiers travaux archéologiques vers 1850 et particulièrement ceux de Gustave Julliot qui publia en 1870 une notice sur le sujet. Néanmoins, cette mise à jour, attendue, a donné l´occasion au représentant mandaté de la société archéologique, Didier Perrugot, d´effectuer pour la première fois, outre des constats et prélevements d´usage, des observations en « coupe ». La galerie où circulait l´eau est en effet à jour, le tunnel surplombant cette même galerie ayant été détruit par le temps.
Enterré à 1m50 de profondeur, large de 1m80 et haut de 1 m 80, l´acqueduc parcourait 17 kilomètres depuis les sites de Theil sur Vanne jusqu´à Sens. Il passait par Malay-le-Grand, Nöe, l´actuelle caserne des pompiers, traversait ce qui est aujourd´hui l´avenue de Lorrach avant de filer vers l´amphitéâtre, dans le quartier des Arènes. Là, une autre branche se dirigeait vers le centre ville et alimentait les fontaines publiques de la ville antique.
Témoin de la puissance de la cité
Simple dans sa technique, l´acqueduc était aussi remarquable d´efficacité dans sa conception. Sa galerie, dans un solide bloc de maçonnerie, mesurait 60 cm de large et 1m60 de haut. Tous les 150 mètres, une cheminée permettait à un véritable personnel d´entretien d´aller effectuer des visites de surveillance et eventuellement d´enlever les sédiments. Son débit était calculé grâce à une pente d´un mètre par kilomètre. Enterré, il permettait de sauvegarder et la fraîcheur et la qualité de l´eau. Une bande de protection interdisait d´ailleurs toute culture à proximité pour éviter les pollutions de l´eau. Mieux : à Malay-le Grand, les ouvriers ont creusé la craie pour aller chercher la source à 17 mètres de profondeur.
Témoin de la science des ingénieurs romains mais aussi du développement progessif de la ville, l´acqueduc confirme s´il en était encore besoin la puissance de la cité gallo-romaine, sans doute longue d´un kilomètre et demi. Située sur un terrain privé, la section mise à jour de l´ouvrage n´est pas accessible au public. Le sera t-elle un jour ? C´est peu probable à moins que ne puisse être envisagée une difficile et couteuse opération d´extraction. Elle sera donc plus certainement enterrée de nouveau. La société archéologique de Sens évoquera la question dans sa prochaine réunion, en octobre.
J.-S. B.