Tonnerre. - La municipalité veut relancer l´autorisation des plongées dans la source vauclusienne. Les conditions seront draconiennes. L'opposition est réservée.
Le conseil municipal s´est réuni vendredi soir. La séance a été essentiellement consacrée à la gestion courante (voir notre édition de vendredi 17 mai). Un point original a cependant été débattu. Il concerne la réouverture de la fosse Dionne à la plongée, « en soumettant les demandes à un contrôle draconien », insiste une note du conseil municipal. Pour le maire, Raymond Hardy, cette relance des autorisations de plongée permettrait de « valoriser ce site exceptionnel » . André Fourcade, ancien maire et chef de file de l´opposition de gauche, avait précédemment rappelé les quatre accidents mortels survenus lors de précédentes plongées, « malgré toutes les précautions ». Son groupe n´approuvera pas l´orientation de la majorité.
Accidents mortels
Trois accidents mortels ont en effet eu lieu lors de précédentes plongées. Deux plongeurs sont décédés en 1962, eu en 1996. Ils avaient franchi les difficiles étroitures situées au début de la galerie partant du fond de la vasque, après les fameux 29 mètres. Au même endroit, en 1988, un plongeur avait été victime d´un grave accident de décompression. Les autorisations de plongée furent suspendues en juin 1996.
Dernièrement, le célèbre spéléonaute Francis Le Guen, dans le cadre d´une émission de télévision, avait demandé à pouvoir plonger. Une autorisation exceptionnelle a été délivrée, sous condition de ne pas dépasser la première étroiture. Cette exception a donc conduit la municipalité à envisager de prendre un nouvel arrêté d´autorisation. Pour cela, elle a fait appel à un spécialiste. Alain Guillon, conseiller technique départemental du Spéléo secours français (SSF) a fourni des explications lors de la séance du conseil municipal. Le domaine relève en effet de sa compétence. Il existe une convention d´assistance entre la fédération française de spéléologie (FFS, dont dépend le SSF) et le ministère de l´Intérieur. La convention est relayée au niveau départemental. Après l´ébauche d´un premier projet, en 1998, resté en suspens « la FFS de l´Yonne a relancé dernièrement la nouvelle municipalité pour étudier la mise en oeuvre d´une réouverture » , rappelait en aparté Alain Guillon.
« Un défi technique »
« Il s´agit d´instruire de manière plus efficace les procédures de demandes, avec une sélection basée sur une meilleure connaissance des compétences » , note le spéléologue. Précautions ô combien nécessaires, tant la fosse Dionne « est une des sources les plus délicates de France, au plan de la difficulté technique, en raison notamment de la profondeur » , mais aussi des tourbillons d´argile et des étroitures. Dès le début du siècle, des plongeurs en scaphandre se sont essayés à l´exploration du site. Le record reste celui d´Eric Le Guen il y a quelques années : il a parcouru 361 mètres de cavités. Au delà, c´est l´inconnu. D´où, pour Alain Guillon, « l´intérêt et le défi technique de l´exploration, l´attrait de la recherche, car on ne sait pas exactement d´où provient cette eau » . Quant à la plongée plus classique, c´est-à-dire dans la seule vasque, « elle est déjà profonde avec moins 29 mètres. Elle se prêterait bien à des sorties photographiques ».
L´arrêté d´autorisation est en cours d´élaboration. Quoiqu´il en soit, « les plongeurs susceptibles de franchir la première étroiture ne sont sans doute pas plus d´une douzaine en Europe », indiquait Raymond Hardy. Il rappelait également que, le site étant classé, « il sera nécessaire d´avoir les avis de l´architecte des Bâtiments de France et de celui des Monuments historiques ».
Y. A.