Aux grottes d'Arcy c'est un peu comme à la belle époque de la Samaritaine : il s'y passe toujours quelque chose ! On y a vu des bactéries calcaires reconstituer une statue érodée ; un ténor y chanter ; le prince Charles s'y balader ou encore des archéologues dégager à la roulette de dentiste des peintures vieilles de plus de 30 000 ans...
Il y a quelques jours c'est un ours qui est venu faire la sieste et en prime se faire tirer le portrait à l'entrée de la grottes des fées. A un endroit où ses lointains ancêtres ont partagé les lieux avec nos arrières grands parents pendant quelques dizaines de milliers d'années. Bien avant que Jésus-Christ n'ait connu une quelconque notoriété.
Quelle mouche a bien pu piquer cet aimable plantigrade au point de lui faire traverser une partie de la France sur une photo ? De sur-croit en plein été, une saison qui d'habitude n'invite guère à voyager en fourrure. Premier élément de réponse qui rassurera les amis des animaux : l'ours en question était passé de vie à trépas depuis belle lurette, naturalisé de surcroît. Un état où l'on ne souffre ni chaud ni du froid.
La véritable réponse, il faut aller la chercher à des milliers de kilomètres de là, chez un constructeur automobile nippon, (la maison Toyota pour être précis), qui va prochaine-ment sortir un 4X4. Lequel pourrait justement s'appeler ours ». L'animal servira donc de faire-valoir dans une publicité pour ce 4X4.
Pas rancunier
Le toujours jeune et enthousiaste Gabriel de la Varende, propriétaire des grottes et du manoir du Chastenay est visiblement ravi d'avoir accueilli les photographes de cette campagne de pub: « il y avait cinq grottes en France en compétition et c'est la grotte des fées qui a été choisie. L'ours était un animal sacré à la préhistoire et nous avons trouvé au-dessous du sous-sol pré historique, à moins 45 000 ans, les ossements d'une ourse et de son bébé avec en dessous des coprolithes humains. Hommes et ours ont habité dans la grotte ».
« Les photos se sont faites en une journée, poursuit Gabriel de la Varende, il y avait aussi une dresseuse d'ours qui est intervenue sur le tournage du film de Jean-Jacques Anneau et les a conseillés ».
La pub devrait sortir avant la fin de l'année et déjà Gabriel de la Varende imagine une suite à cette rencontre : « Je les ai invités à venir faire un concours de beauté avec 20 ou 30 véhicules et de belles jeunes filles. C'est aussi la preuve que je ne suis pas rancunier. Car j'ai quand même été prisonnier des Japonais pendant six mois ! ».
Une mésaventure qu'à défaut d'oublier, il a eu le temps de pardonner. Elle date de 1944 alors qu'il était officier de renseignement en Indochine.
C. P.