Nécrologie.
Le comte Gabriel Mallard de la Varende, propriétaire des grottes d'Arcy-sur-Cure et du manoir du Chastenay, s'est éteint vendredi, à l'âge de 88 ans, dans son appartement de Neuilly. Il sera inhumé mercredi après-midi au cimetière de Tharoiseau auprès de son épouse, décédée il y a un an. Une cérémonie religieuse aura lieu a la basilique de Vézelay, à 14 heures.
Victime d'un accident cardiaque il y a quelques années, Gabriel de la Varende continuait à déployer une belle énergie et à fourmiller de projets, signant publications et ouvrages à 80 printemps bien sonnés. A vrai dire, la vie du comte, personnage au caractère entier, ne manquant ni d'humour, ni de malice, n'aura jamais rien eu d'un long fleuve tranquille. Combattant de la France libre à tout juste 20 ans, membre des services de renseignements de l'Armée en Indochine, il fut prisonnier des Japonnais en 1945 et placé en camp de travaux forcés.
Héritier par sa grand-tante du domaine d'Arcy et du Chastenay, Gabriel de la Varende ne manquait pas de projets pour animer le site. Dès son arrivée dans les lieux en 1968, il souhaitait y créer un son et lumière. Mais cet héritage contesté lui vaudra près d'un quart de siècle de procédures pendant lesquelles la nomination d'un administrateur l'empêchera de jouir pleinement de son bien.
A partir de 1990, récupérant ses droits de propriété, Gabriel de la Varende, n'aura de cesse d'ouvrir ses grottes aux chercheurs pour tenter d'enrichir leur histoire. L'association COR A basée à Saint-Moré et nombre de scientifiques profiteront de l'aubaine, rendant la politesse à leur hôte en mettant au jour, dans la grande grotte, plus d'une centaine de peintures préhistoriques datées de près de 30 000 ans. D'autres recherches mons conventionnelles verront des bactéries calcaires restaurer une statue dans les eaux souterraines. Et pour le plus grand amusement du maître des lieux, un tas de déjections de chauve-souris monumental sera passé au crible pour tenter de connaître ce qu'avaient mangé ces petites bêtes à travers les siècles. Et par voie de conséquence connaître ce qui poussait alentour.
Inlassable communicateur, l'homme était curieux de tout et avait de surcroît bien compris l'intérêt qu'il pouvait tirer de ce bouillonnement. Chaque année, l'avant-veille de la réouverture de ses grattes au grand public, il ne manquait jamais de rendre compte auprès des médias des découvertes de la précédente campagne de fouilles...
Avocat, écrivain, historien et conteur hors pair, Gabriel de la Varende savait aussi faire revivre sa -demeure alchimique » fors des visites guidées qu'il lui arrivait régulièrement d'animer. Une autre passion qui lui a fait noircir des centaines de pages, à défaut de parvenir à changer le plomb en or.
nc.