Revue de Presse

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Comme en 1954 le trou de Barbe-bleue à Arcy-sur-Cure A FAILLI FAIRE trois nouvelles victimes

L'Yonne Republicaine, édition du jeudi 16 août 1956.

Parmi elles se trouvaient le père et le frère des deux jeunes disparus !

On se souvient sans doute encore de la tragique expédition, entreprise il y a deux ans, par deux Jeunes spéléologues amateurs : Marc Méraville, de Vincelottes et Christian Boblin, d'Auxerre. On sait hélas ! comment elle se termina !

Tragiques précédents

La mort des deux jeunes gens avait à l'époque énormément impressionné les estivants et les habitants d'Arcy-Sur-Cure. Or, lundi dernier, il s'en fallut de peu qu'on ne déplore à nouveau des victimes, exactement au même endroit. On resta confus lorsqu'on apprit qu'il s'agissait, cette fois, de parents des victimes de 1954 !

Il est maintenant question de poser une grille afin d'interdire ce trou à toute nouvelle tentative. Il y a longtemps en effet, que ce bras souterrain de la Cure e été exploré. On ne comprendrait pas que des vies soient à nouveau exposées sans aucun profit pour la science ou pour quiconque.

Qu'allaient donc faire dans le tragique trou de Barbe-Bleue », ceux dont l'expérience des dangers que présente ce trou ne devrait, hélas, plus être à faire ? On a parlé d'un pèlerinage !... Nous nous inclinons devant le mémoire des victimes. mais il faut reconnaître que sans la prompte intervention des sauveteurs (et en tout premier lieu de l'équipe des fouilles dirigées — comme il y a deux ans — par le professeur Leroi-Gourhan), il y aurait eu trois autres victimes, au même endroit !

Nous ne pouvons donc qu'approuver la décision d'interdire la rivière souterraine, à toute nouvelle expédition, et ce, définitivement.

Les faits

Mais reprenons le détail des événements qui se produisirent lundi soir, vers 16 h. M. Méraville, 32 ans, frère du jeune disparu et M. Boblin, 50 ans, père de l'autre jeune homme, disparu, avaient emmené avec eux, M. Lebret, âgé de 20 ans, demeurant à Auxerre, qui devait faire partie de l'expédition de 1954 et qui — fort heureusement pour lui — n'avait pu y participer.

Tous trois, donc, descendirent dans le trou de Barbe-Bleue, résurgence de la Cure laquelle se perd en amont au lieu-dit «La Goulette». Ils avaient heureusement laissé à l'entrée, M. Méraville, père. qui devait donner l'alarme si besoin était.

De fait, deux heures plus tard, les spéléologues n'étaient pas revenus au jour et l'eau montait !

M. Méraville courut alerter le professeur Leroi-Gourhan. Ce dernier. fort de l'expérience acquise 11 y a deux ans, commença par barrer la «Goulette», après avoir alerté l'E. D. F. et les autorités. C'est incontestablement grâce à lui que les

explorateurs souterrains doivent d'être encore en vie !

Les gendarmes de Vermenton d'abord, ceux d'Auxerre ensuite, sous la direction du commandant Lambert. le commandant Hourcastagné, des services d'incendie de l'Yonne, des volontaires de la Base aérienne, se joignirent à l'équipe du professeur Leroi-Gourhan, et aux hommes des services des Eaux. Ils agirent rapidement et réussirent à faire baisser le niveau de la Cure.

Les prisonniers qui étaient au niveau du troisième siphon furent ramenés à l'air libre, hier, à 4 heures du matin.

On remarquait sur les lieux, MM. Lalande, secrétaire général de la Préfecture, Guérin, du cabinet de la Préfecture, Mérat, maire d'Arcy-sur-Cure.

Nous terminerons en signalant que la rapide et compétente intervention des techniciens. ingénieurs et employés de l'E. D. F., a fait gagner de précieuses heures aux sauveteurs.

Souhaitons, enfin, ne plus avoir à parler du trou de Barbe-Bleue et... félicitons les courageux sauveteurs qui peinèrent toute la nuit dans l'eau plutôt fraiche !...

R.-G. C.

Article mis en ligne le : 22 mai 2011