Quand Tonnerre et ses habitants sont vus à travers l'imaginaire des élèves de l'école Estienne.
Il y a un mois, huit Tonnerrois ont fait découvrir leur ville à de jeunes dessinateurs parisiens de l'école Estienne (L'OR du 9 mars). Ils leur ont fait visiter leurs monuments préférés, les commerces où ils ont leurs habitudes, leur ont ouvert les portes de leur maison... A l'issue de cette rencontre, chaque élève devait réaliser un portrait habité de son guide d'un jour. Dessiner ses traits mais aussi, mettre en images des fragments de sa vie, de sa personnalité avec, pour toile de fond, des vues de la ville.
Depuis hier, les œuvres nées de ces duos éphémères sont exposées au Vieil hôpital (lire ci-dessous). Chaque planche est une véritable petite histoire où transparaît, avec sensibilité, le monde intérieur de ces "habitants modèles".
Les élèves ont bluffé les premiers visiteurs de l'expo, y compris leurs professeurs. «Le résultat est spectaculaire !, admire Louis Boisseau, enseignant à l'école Estienne. Pour réaliser ces reportages sur le terrain, il leur a fallu partir en quête de l'identité de ces habitants, abattre les murs de la timidité, faire de la psychologie... C'était un travail difficile.»
« Il y a de la poésie, de l'humour, de la créativité et le patrimoine est mis en valeur de façon inattendue », apprécie Maurice Pianos, conseiller général de Tonnerre. Ce travail n'est qu'une partie de cette exposition « made in Tonnerre ». D'autres élèves de l'école Estienne et des étudiants de l'Académie libanaise des Beaux-Arts ont signé des fictions illustrées où les sites de la ville, ses légendes ainsi que les habitants croisés au fil des rues, jouent le premier rôle. Mathieu, après avoir rencontré le plongeur Christian Vidal, qui a exploré la Fosse Dionne il y e quelques années, a imaginé un Mr Ondine, qui vit à demeure dans la source. Tarek a réalisé un beau travail photographique sur les vitrines vides. Il a capté passants et scènes de rue à travers les jeux de reflets et de miroirs.
Lors de cette courte immersion tonnerroise, chacun a porté un regard en profondeur sur la ville et l'a revisitée à travers son imaginaire. Elle apparaît tour à tour gothique, émouvante, mystérieuse, pleine de caractère...
L'exposition va, à tous les coups, faire porter aux Tonnerrois un autre regard sur leur ville.
Les oiseaux de Marie-Christine
Élisabeth a choisi des tons pastels pour retranscrire l'univers de Marie-Christine.
Élisabeth : « Certains la quittent, d'autres s'y installent : Tonnerre est une ville de migrations. Lors de notre rencontre, Marie-Christine m'a dit que ce qu'elle aimait à Tonnerre, c'était aussi qu'il y a toujours des oiseaux. J'ai été frappée par son côté dynamique et baroudeur. »
Marie-Christine, bibliothécaire : « Ce projet m'a enthousiasmée. Il m'a permis de voir Tonnerre autrement en l'expliquant à Élizabeth. Cela a approfondi mon rapport à la ville. C'est aussi une rencontre extraordinaire, pleine de chaleur humaine. »
Alain, l'explorateur
Chloé a imaginé des spéléologues descendant en rappel l'ombre chinoise d'Alain, le passionné de spéléologie.
Chloé : « Alain, passionné d'histoire et de spéléologie, a rapidement vu en Tonnerre un terrain d'exploration. Il prend le temps de regarder les détails que personne ne voit, décode les façades pour révéler le passé glorieux de la ville et le révéler aux yeux de ses habitants. »
Alain, professeur de maths : « Je suis impressionné par le dessin de Chloé. Elle a introduit dans cette œuvre des éléments de notre visite, mais aussi de ma personnalité. Mais, en faisant le ménage, en opérant un tri car à l'intérieur de moi, c'est plus en bazar ! En tout cascas, je me reconnais vraiment dans cette œuvre. »
Pierre, pêcheur repenti
Emma a représenté Pierre dans sa jolie maison de la rue du Pont.
Emma : « Pierre avait depuis longtemps le rêve de pêcher par sa fenêtre. Le jour où il eut sa maison au bord de la rivière, il découvrit qu'il aimait bien les poissons et qu'il en faisait dés lors ses amis. Il rangea définitivement sa canne à pèche. »
Pierre, retraité et artiste peintre : « J'ai été enchanté de rencontrer Emma, cette jeune fille, d'origine roumaine, habite en France depuis deux ans et elle parle parfaitement notre langue. On a même discuté philosophie. J'aime beaucoup son tableau, la façon dont elle a travaillé les matières. »
La vie de château de Coralie
Juliette a fait de Coralie un personnage de BD qui sillonne les châteaux du Tonnerrois.
Juliette : « Diplômée en histoire de l'art, Coralie décide d'étudier une de ses grandes passions : les hôtels particuliers, un des trésors de Tonnerre. Originaire des Prés-Hauts, Coralie est guide touristique. Les châteaux des environs et leurs histoires n'ont plus de secret pour Coralie. Il y a Tanlay, Ancy-le-Franc, et puis la légende de Jean sans peur et la trahison de son vassal… mais elle la raconte mieux que moi. »
Coralie : « Je suis surprise par la façon dont Juliette a agencé ce que je lui ai montré et raconté pendant notre journée de visite. C'est comme une histoire, une déambulation rigolote. »
P.P.
