Géré par une société d'économie mixte, l'aqueduc de la Vanne achemine 150 000 m3 par jour sur près de 150 km.
Depuis quelques jours, les locaux de la Sagep (Société anonyme de gestion des eaux de Paris) connaissent une affluence inhabituelle. D'ordinaire fermé au public, un des sites icaunais, l'usine élévatoire de Chigy, a ouvert ses portes ce week-end à l'occasion des Journées du patrimoine. Et puis rebelote lundi après-midi, où c'est le sous-préfet de Sens, Didier Loth, qui a eu droit à une visite privée de ces installations qui permettent d'alimenter Paris en eau potable via l'aqueduc de la Vanne. Le chef de centre, Claude Vignaud, lui a ouvert les portes d'une usine hydraulique mais aussi d'un endroit très confiné : la source de Cérilly.
A l'entrée de ce petit village d'une cinquantaine d'habitants, on accède aux salles souterraines par un petit escalier. Sous les voûtes de pierre, l'eau est limpide. «Les niveaux ont considérablement baissé. La source fournissait environ 30 000 m3 par jour il y a encore dix ans. Aujourd'hui, la production a été divisée par trois», indique Jacques Den Dekker, le responsable de secteur. Trois autres sources dites «hautes» alimentent l'aqueduc de la Vanne. Celle de la Bouillarde, aux confins de l'Aube, est la plus pure. «On pourrait presque la consommer sans traitement», assure Claude Vignaud.
Au centre de commande de Maillot, un poste de contrôle affiche des données sur la qualité de l'eau, notamment sa turbidité. Les vérifications se font sur l'ensemble des 39 points de captage. «S'il y a le moindre problème, nous avons trois jours pour réagir», révèle le chef de centre. Trois jours, c'est le temps qu'il faut à l'eau pour parcourir les 156 km de l'aqueduc de la Vanne. L'écoulement se fait naturellement grâce à un dénivelé d'un centimètre tous les cent mètres. En revanche, pour alimenter l'ouvrage, il faut avoir recours à de grosses pompes.
Sans électricité
L'eau des huit sources dites «basses» est ainsi relevée jusqu'à l'aqueduc par des usines implantées le long de la Vanne. Dans celle de Chigy, une vieille roue à aube fournit l'énergie nécessaire à la remontée des sources alentour. «Le rendement n'est peut-être pas extraordinaire, mais cette installation permet de couvrir 1 % de la consommation parisienne sans électricité», se félicite Xavier Raccolet, ingénieur. «La moitié de notre production est réalisée sans achat d'énergie. Nous privilégions au maximum l'hydraulique. C'est moins cher et cela répond à nos engagements en matière de développement durable», précise Claude Vignaud.
Une fois acheminés, les 150 000 m3 livrés quotidiennement sont traités afin d'éliminer les pesticides et autres impuretés. Stockés dans un grand réservoir à l'Hay-lesRoses, ils alimentent ensuite le sud et le sud-ouest de la capitale. «L'aqueduc de la Vanne couvre près de 15 à 20 % des besoins des Parisiens», souligne Claude Vignaud.
Dans une moindre mesure, les trente salariés qui assurent son fonctionnement travaillent aussi pour les Sénonais. La Sagep, société d'économie mixte détenue par la ville de Paris et la Caisse des dépôts, donne 1 200 m3 par jour à Sens.
Jo. V.
Un million d'euros de chiffre d'affaires
Construit entre 1874 et 1900 sous l'impulsion du préfet Haussmann, l'aqueduc de la Vanne est le plus long des ouvrages alimentant Paris en eau potable. Localement, il génère 30 emplois à temps plein, 50 000 euros de taxe professionnelle et un chiffre d'affaires d'environ un million d'euros.