Pour faire du feu ou peindre les mammouths, il suffit de suivre le guide...
Dans la peau de l'homo sapiens
ARRIVÉ il y a quelques mois de Tautavel (Pyrénées orientales), où des ateliers participatifs sont proposés aux jeunes pousses, Jean Mathivet, a proposé à François de la Varende, directeur des grottes d'Arcy, de transposer la formule sur les bords de la Cure. Avec succès.
Depuis le printemps, l'offre a trouvé preneurs auprès des scolaires. Et si l'expérience a été suspendue cet été par manque de moyens (priorité a été donnée aux visites guidées), elle se poursuivra dès les premiers jours de septembre en matinée, élargie au grand public, jusqu'au 1er novembre.
« Nous ferons mieux l'année prochaine », promet François de la Varende, qui rêve de nouvelles animations pour ses visiteurs et souhaite réunir à Arcy, les objets archéologiques (ou leur copie) éparpillés depuis leur découverte.
En attendant, les animations proposées rendent un peu plus palpable le quotidien de nos lointains ancêtres : « La visite théorique des grottes ne suffit pas. Ces ateliers donnent un complément d'information et permettent une meilleure compréhension », explique Jean Mathivet. Visiblement conquis par le site, le jeune homme anime trois ateliers thématiques sur les bords de la Cure, en s'appuyant sur les expérimentations menées par les archéologues pour retrouver les gestes des hommes de la préhistoire.
Tordre le cou aux idées préconçues
L'atelier peinture apprend aux jeunes pousses à utiliser l'ocre et les pigments naturels pour reproduire une peinture de mammouth vue au fond de la Grande grotte quelques minutes auparavant. Ils repartiront avec leur oeuvre sous le bras. L'atelier « feu » se compose de la même manière. Après une vingtaine de minutes de démonstration, le guide invite son jeune auditoire à passer à l'action : « On essaie de leur faire obtenir une braise par friction du bois et je leur explique comment le feu était transporté ». Un autre atelier de fabrication d'outils de chasse et de doit être prochainement mis en place couplé avec une approche des sons de la préhistoire émis à partir d'escargots, de coquillages, de noyaux, de sifflets en bois ou en os.
Ces ateliers participatifs d'une durée d'une heure favorisent les échanges : « Je leur explique aussi que l'ocre était utilisé comme antiseptique et comme répulsif pour les insectes par Neandertal », illustre Jean Mathivet, qui s'emploie à tordre le cou aux idées préconçues sur les hommes de la préhistoire. En montrant l'étendue de leurs savoirs, il laisse entendre que nos lointains ancêtres étaient sans doute beaucoup plus proches de nous que nous l'ont enseigné nos livres d'Histoire.
Grottes ouvertes en août de 10 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 heures ; de septembre au 11 novembre de 10 à 12 heures et de 14 heures à 17 h 30. Renseignements par téléphone au 03.86.81.90.63.
Expo et balade avec Cora
Loin de se limiter à la Grande grotte, visitée chaque année par des milliers de visiteurs, le site d'Arcy-sur-Cure Saint-Moré foisonne de cavités et de vestiges, témoins de l'occupation humaine depuis plus de 50 000 ans.
Faute de pouvoir les visiter, vous pouvez, à partir de la Grande grotte, longer la Cure et découvrir les entrées de quelques-unes de ces cavités. Mais pour mieux prendre conscience de la richesse du site, un détour par le presbytère de Saint-Moré (de l'autre côté du tunnel de l'A6, direction Avallon), s'impose. L'association Cora (du nom du camp romain dont les vestiges surplombent la vallée et la voie romaine d'Agrippa) y a élu domicile depuis une vingtaine d'années. Sa porte est le plus souvent ouverte sur une exposition de maquettes et de photos donnant un aperçu des découvertes et des fouilles menées depuis la fin du XIXe.
L'association propose des balades de groupe (sur réservation au 03.86.33.44.19) guidées par Jean-Claude Liger, le maître des lieux qui connaît mieux que quiconque les sentiers et le sous-sol de Saint-Moré et d'Arcy. (Contact : coraliger@wanadoo.fr)
Au presbytère de Saint-Moré, l'expo de l'association Cora permet de mieux mesurer la richesse du site.
Chastenay décodé
A deux pas (800 mètres au sud si vous préférez) des grottes d'Arcy, par une petite route surplombant la RN 6 vous pouvez visiter le château du Chastenay. Gabriel de la Varende, propriétaire des lieux aujourd'hui décédé savait rappeler à son auditoire que sa famille était présente à Arcy depuis 1086 et vingt-huit générations... Il savait aussi, mieux que quiconque, conduire les visiteurs dans les pas de Nicolas Flamel, montrant à son public une foule d'indices et de détails de construction désignant son manoir comme un des hauts lieux de l'alchimie. Son fils François ou son petit-fils Emmanuel, qui ont repris les visites, délivrent un message moins ésotérique et préfèrent utiliser les façades comme un livre à ciel ouvert. Ils invitent à comprendre comment du XIIIe siècle à nos jours, la bâtisse a évolué en répondant aux préoccupations de chaque époque.
Le château du Chastenay est ouvert au public à la demande de 14 à 17 heures en téléphonant au 06.68.95.12.22.
C.P.