Arcy-sur-Cure. - Des peintures préhistoriques représentant des mammouths ont été repérées dans la grotte d´Arcy-sur-Cure.
« C´est fabuleux ! ». A voir la mine réjouie des scientifiques auscultant la grande grotte d´Arcy vendredi dernier, la découverte semblait d´importance. Armés de lampes, d´appareils photos et de caméras, ils sont revenus vérifier la découverte faite par Pierre Guilloré, de l´association CORA, il y a deux ans.
Au fond de la grande grotte, celle qui est visitée par le public, il a aperçu un jour sur le plafond qui surplombe les vagues des traces qui ont attiré son attention. La grotte avait été nettoyée au jet sous pression pour lui rendre sa clarté assombrie au fil des années par les fumées de bougies. Une méthode plutôt brutale qui a cependant révélé ces peintures protégées par une pellicule de calcaire et de crasse.
Gabriel de la Varende, désormais propriétaire du site, a accepté de relancer les recherches avec enthousiasme. Tout le monde doit y trouver son compte : les scientifiques, qui ont des nouveaux matériaux passionnants à étudier, et le propriétaire, qui s´assure ainsi une bonne publicité. Le fait est que la découverte est stupéfiante.
M. Combier et M. Clottes, tous deux directeurs des Antiquités préhistoriques, le premier en région Rhône-Alpes, et le second en région Pyrénées, sont les grands spécialistes français des grottes ornées. Ils étaient présents à Arcy vendredi, en compagnie de plusieurs scientifiques du CNRS, à l´invitation de M. Thévenot, directeur des Antiquités préhistoriques de Bourgogne, qui les a appelés pour confirmer la découverte.
Et les deux scientifiques ont pu attester de façon incontestable l´intérêt des peintures. Ils ont pu distinguer plusieurs dessins rougeâtres de bonne qualité représentant très probablement des mammouths. Les traits sont tout à fait conformes à ceux qui ont été retrouvés dans la grotte du Cheval, voisine, que les scientifiques sont allés aussi visiter vendredi.
Tout autour, des marques, des dessins, des traits, parfois réguliers, ont été gravés à la pointe du silex, également comme dans l´autre grotte. Selon Combier et Clottes, le plafond a dû, autrefois, être rempli de dessins.
Le mammouth. Un animal de choix, animal rêvé, presque mythique sans doute pour nos prédécesseurs dans la région il y a environ 150 siècles. Quelle émotion pour ces scientifiques de voir s´ouvrir un nouveau champ de recherches, quelle émotion pour nous, profanes, de retrouver le lien, en quelque sorte de communiquer avec les hommes qui ont vécu à cet endroit.
La confirmation est faite. Elle était nécessaire pour démarrer l´étude sérieuse que mérite ces peintures pariétales. C´est sans doute Dominique Baffier, chercheuse au CNRS, qui sera chargée des études. Elle travaillera, en collaboration avec l´association CORA qui effectuera les relevés précis et patients de l´endroit.
Vincent COMBEUIL.
