Arcy-sur-Cure. - Le 15 février 1946, de jeunes spéléologues découvraient un mammouth dans la grotte du Cheval. En juin prochain, l'association Cora cél&ébrera le cinquantième anniversaire de cette trouvaille.
« Nous observions les parois, lorsque tout à coup nous avons découvert un beau mammouth en marche qui semblait nous observer. Nous sommes restés muets d´étonnement pendant quelques minutes avant de laisser éclater notre joie. C´était des instants inoubliables et nous avons pris assez vite conscience de l´importance de notre découverte... »
Il y a 50 ans, Gérard Méraville et ses amis Bourreau et Papon, du groupe spéléologique et préhistorique Parat, découvraient dans la grotte du cheval une gravure qui allait être déterminante pour le site d´Arcy-sur-Cure. De simples cavités visitées depuis des siècles les grottes d´Arcy gagnaient le titre des grottes ornées les plus septentrionales de France.
Fouilles “clandestines”
Ces trouvailles vaudront aussi aux membres du groupe spéléologique et à leur président l´abbé Lacroix, d´être la cible d´une plainte pour fouilles clandestines. Tous les membres feront même l´objet d´un interrogatoire individuel.
Cela n´empêchera pas, deux jeunes de cette même équipe de spéléologues, de trouver le 25 août suivant, un mammouth, un cheval gravé et d´autres signes.
Les archéologues se montreront rapidement intéressés. Parmi eux André Leroi-Gourhan viendra dès la fin de l´été 1946 faire une campagne sur les lieux. Il ne quitta Arcy-sur-Cure et Saint-Moré qu´en 1964, préférant le site de Pincevant plus au nord. Ses nombreuses campagnes de fouilles ont enrichi les travaux réalisés au siècle dernier par l´abbé Parat et ont inocculé le virus de l´archéologie à quelques promotions d´étudiants. Elles ont converti aussi plusieurs spéléologues amateurs devenus aujourd´hui archéologues et membres de l´association Cora de Saint-Moré...
Anniversaire le 1er juin
Le samedi 1er juin prochain, Gérard Méraville, l´un des trois inventeurs du 15 février 1946 devrait être à Arcy-sur-Cure pour l´anniversaire programmé par l´association Cora. A 69 ans, le spéléologue continue de pratiquer son art. Et si les années lui ont fait perdre de vue ses deux amis de découverte, elles n´ont pas effacé les traces de ces mois de recherches souterraines : « J´avais 19 ans et je travaillais à l´usine aéronautique de Cravant. Bourreau et Papon étaient au bureau d´étude de l´usine et ils habitaient à Arcy. Comme nous travaillions tôt le matin, nous étions libres l´après-midi et nous passions parfois la nuit entière sur le site. Nous avions le goût de l´aventure et de la découverte et les ouvrages de l´abbé Parat nous avaient donné envie de poursuivre ses recherches ». Sacré abbé, qui après avoir fouillé la grotte du cheval en 1899, écrivait : « Le temps m´a manqué pour poursuivre plus avant dans cette grotte qui semble se développer au delà des éboulis. C´est là du travail assuré pour les collègues de l´avenir ». Et comme à Arcy le temps ne se compte pas tout à fait comme ailleurs, il aura fallu attendre près d´un demi siècle pour que l´abbé se trouve des « collègues ».
C.P.
