Arcy-sur-Cure. - Des peintures qui remontent à 26 000 ans avant notre ère ont été mises au jour.
C'est un boulot tout à fait exceptionnel. Fouiller la paroi d'une grotte, c'est la première fois que ça se fait. C'est vraiment la conjonction d'un travail archéologique et de restauration ". Samedi matin, Jean Clottes ne cachait pas son admiration, devant les travaux réalisés par une équipe du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) dans la grande grotte d'Arcy-sur-Cure. Pourtant, le conservateur général du patrimoine, également président du comité intemational d'art rupestre (ICOMOS) pourrait se montrer blasé. Chauvet, Cosquer, Niaux... toutes ces prestigieuses grottes n'ont plus de secrets pour lui.
Alors pourquoi tant d'intérêt pour celles d'Arcy ? " Les travaux menés dans la grande grotte depuis 1991 sous la houlette de Dominique Baffier et Michel Girard sont très importants. Ils permettent de mettre en valeur des peintures rupestres qui remontent environ à 26 000 ans avant notre ère. Ce qui contribue à faire de ce site l'une des plus anciennes grottes ornées de France " estime Jean Clottes.
Fraise diamantaire pour mammouth
L'originalité de ce travail réside d'abord dans les méthodes employées, notamment pour mettre au jour les peintures murales. " En 1997 explique Dominique Baffier, nous avons fait venir un restaurateur andorran qui a utilisé une fraise diamantaire pour amincir la couche de calcite, et faire ainsi apparaître des représentations que l'on ne voyait avant qu'aux infrarouges. L'avantage de cette méthode, c'est qu'elle permet de conserver sur le dessin un léger voile de calcite blanc qui protège la peinture. "
Voilà qui a notamment permis de mettre au jour un superbe mammouth peint à l'ocre rouge sur le plafond de la " salle des Vagues " de la grande grotte. Ce mammouth vient grossir le bestiaire très typique des grottes d'Arcy.
Alors que la plupart des animaux représentés dans les grottes françaises sont des chevaux, des bisons ou des cervidés, ceux des grottes d'Arcy sont nettement moins avenants : mammouths, ours, félins, rhinocéros et même rapaces... des animaux redoutables, comparables à ceux de la grotte de Chauvet et évoquant selon Jean Clottes, « des symboles religieux ».
Ces animaux pourraient prochainement compter un membre de plus dans la famille : Dominique Baffier souhaite désormais dégager de sa couche de calcite un mammouth de 1,50m !
S. P.