Le gouffre Sainte-Marie est l'un des plus intéressants de la haute vallée du Serein. Il s'agit d'une faille de rochers née à l'ère secondaire, que les eaux ont utilisée pour y couler. Exploration.
En 1905, Marcel Bidault-de-l'Isle, spéléologue averti, se prépare à explorer le gouffre de la Côme Sainte-Marie à Massangis, l'un des plus impressionnants de la région.
De nombreux mois sont d'abord nécessaires à l'explorateur et à son équipe pour réaliser une première désobstruction de l'abîme. Après un long travail préparatoire, la première étape consiste à dégager une ouverture. L'équipe accède alors à une première salle, profonde de douze mètres et large de deux à trois mètres. C'est à ce niveau que peut commencer l'exploration.
Accroupis ou à genoux, rampant dans les couloirs les plus étroits, obligés de déblayer couchés ou la tête en bas, les hommes poursuivent leur difficile évolution. Ils finissent par atteindre une courte galerie voûtée qui s'ouvre sur une nouvelle ouverture verticale. Marcel Bidault-de-l'Isle se laisse glisser à l'aide d'une corde dans cette cheminée double, profonde de cinq mètres. Il prend pied sur une plate-forme, où se trouve un autre gouffre béant, aux parois blanches et lisses. À ce stade de la progression, 30 mètres le séparent du fond. Il faudra y retourner plus tard, pour s'assurer que l'air est respirable.
Jusqu'à 58 mètres de profondeur
Quand il reprend sa descente vertigineuse, il atteint le fond d'une salle immense qui donne accès à une petite chambre recouverte d'un plancher stalagmitique. Il déblaye l'orifice inférieur, qui avait jadis permis aux eaux de continuer leurs cours souterrains. À force de gymnastiques périlleuses, le spéléologue accède à une nouvelle salle en forme de « S ». Il y découvre un lit de galets, produit par le tournoiement des eaux. La descente se poursuit en plan incliné. Après de nouveaux déblaiements, de plus en plus difficiles, il entre dans à un couloir en pente, étranglé à certains endroits. La descente est désormais plus aisée, le conduisant à une passerelle de quatre mètres de long, formée d'éboulis. Le couloir s'abaisse pour se relever ensuite en hautes cheminées et aboutir enfin un peu plus loin à une salle très haute.
C'est ici que se termine l'exploration, à quelque cinquante-huit mètres de profondeur. Marcel Bidault-de-l'Isle doit se résoudre à ne pouvoir aller plus loin. En 1908, le spéléologue a exploré les grottes de Villiers Tournois, toujours à Massangis. Sa mort prématurée, à 33 ans, met malheureusement fin à ses recherches.
H.V.
Sources : l'association Arlimont, et le spéléo-club de Chablis, affilié à la Fédération française de spéléologie.