Pour motiver son retrait, le chef d'entreprise évoque une « fatigue psychologique », pas totalement étrangère à des problèmes administratifs.
Des rumeurs évoquaient la possible fermeture de la Grotte de Champ-Retard à Coutarnoux. Le fondateur de ce parcours aventure, François Maure, explique le fin mot de l'histoire. Le site ne ferme pas, mais du changement se profile.
Qu'en est-il de la fermeture de la Grotte ?
Il n'a jamais été question de fermer, la saison a d'ailleurs redémarré ce week-end. Ce qui est par contre avéré, c'est que je me retire du projet et que je mets en vente le fonds, géré jusqu'à présent par la société CDO Loisirs.
N'êtes-vous plus intéressé par l'affaire ?
Je crois toujours dans le projet, mais je ressens une vraie fatigue psychologique. Les gens ne se rendent pas compte à quel point notre métier est spécifique et difficile. Je travaille depuis l'âge de 17 ans dans des domaines à risques, que ce soit comme pisteur-secouriste, monteur de via ferrata, dans l'escalade, etc? Je suis reconnu professionnellement dans ce domaine et mettre des gens en hauteur, c'est une responsabilité. Et cela, tout en leur donnant l'impression qu'ils n'y sont pas, d'où peut-être une image décontractée, qui n'empêche nullement, par ailleurs, du professionnalisme.
Si c'est quelque chose que vous connaissez bien, pourquoi vous retirer de la Grotte ?
J'ai toujours monté des projets difficiles à mettre en place, comme la première structure d'escalade à la première Coupe du monde à Chamonix. Je suis aussi derrière des choses expérimentales comme la via ferrata sur les quais de Paris pour la première édition de Paris-Plage, ou encore la première tyrolienne au Stade de France, dans le cadre de Milka Rêve de Neige. La Grotte se situe dans cette lignée, c'est un projet expérimental. Mais j'ai commis des erreurs : en me souciant principalement de solutions techniques et des clients, j'ai négligé d'autres données.
Lesquelles ?
Nous n'avons pas toujours fait les démarches administratives correctement, même si c'est en cours de régularisation. Avec un projet comme la Grotte, on tâtonne, on défriche au fur et à mesure. Et c'est un peu un projet hors normes, expérimental même pour l'administration. Je me souviens que lorsque le site a ouvert, le contrôleur s'interrogeait vraiment : est-ce un site extérieur ? Intérieur ? Il y a quand même 14 mètres sous plafond, avec des ouvertures de 15X20 mètres.
Mais d'où vient la fatigue psychologique ?
Avec l'administration, il y a eu une mauvaise communication de ma part et un fossé s'est creusé. J'étais dans mon truc. Et j'ai usé énormément d'énergie dans l'organisation, la réponse au besoin du client, etc? Je sais qu'il faut avoir un bon dialogue avec l'administration, mais je ne me sens plus en capacité de le mener. Je cherche donc un repreneur, mais la Grotte ne ferme pas pour autant.
N'avez-vous tout de même pas peur de la fermeture administrative ?
Nous vivons un peu avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais j'ai chargé l'équipe en place de mener la régularisation à son terme avant la vente. La Grotte de Champ-Retard, c'est deux salariés à temps plein à l'année, avec huit saisonniers.
Est-ce une affaire viable ?
Oh oui ! Depuis l'ouverture en 2004, la croissance n'a jamais fléchi, avec + 50 % de fréquentation chaque année. Ce qui pêche, c'est l'autofinancement, qui pèse sur notre trésorerie. Nous avons de la clientèle locale ou des individuels, mais nous fonctionnons surtout avec des groupes d'entreprises comme L'Oréal, Generali France, Carrefour, Procter et Gamble, ou encore l'Association sportive des services du Premier ministre. Mais rien ne va changer pour les clients, qui ne se sont jamais plaints en bientôt sept saisons. Et nous n'avons jamais déploré le moindre accident.
Thibaut Pinsard