Installé à Saint-Moré, Jean-Claude Liger a participé à la découverte des peintures préhistoriques de la Grande grotte d'Arcy-sur-Cure. Un épisode qui fait partie de son épopée singulière.
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, c'est comme cela que Jean-Claude Liger résume lui-même son parcours unique et passionnant. Cet homme fait partie de ces baroudeurs autodidactes dont la source d'information et de culture ne tarit jamais. Tout comme les grottes d'Arcy-sur-Cure et leurs peintures préhistoriques qui n'ont eu de cesse de livrer de précieux secrets sur la présence de l'homme depuis des milliers d'années.
Leurs destins s'avèrent d'ailleurs liés. Alors qu'il vivait une carrière de dessinateur chez IBM, mastodonte de la technologie à Paris, c'est pour faire de la spéléologie avec deux copains, dont Pierre Guilloré, l'homme qui identifia quelques années plus tard les peintures de la Grande grotte d'Arcy, que cet aventurier a découvert le site.
Des fouilles en Afghanistan dans un village fondé par Alexandre
« C'était les cavernes les plus proches de la capitale par le train », explique-t-il simplement. Il fit alors la rencontre de l'archéologue Gérard Merville. Et c'est le coup de foudre pour l'archéologie. Une évidence pour ce Parisien : « Qui n'aime pas ça l'archéo ? » Après cela, les fouilles ont ponctué sa vie. D'abord sur le site de Pincevent en Seine-et-Marne, avant de partir à l'aventure vers l'Orient.
Il suit un ami muté à Kaboul en Afghanistan et démissionne de son poste chez IBM pour se consacrer exclusivement à cette nouvelle passion. « J'y suis resté dix ans pour travailler sur les fouilles d'une ville grecque de 4 km2 fondée au moment du grand périple d'Alexandre », partage-t-il non sans émotion au vu de l'actualité sanglante permanente du pays. « J'y ai vécu durant l'occupation russe et cela s'est bien passé. C'est un pays magnifique. Je parle persan couramment, et ma fille est née là-bas ».
Des traces rouges...
Puis c'est le Pakistan, la Thaïlande, le Laos, et le Pérou. La France, il y revient pour les vacances, et c'est ainsi qu'il finit par louer le presbytère de Saint-Moré où il vit toujours à l'heure actuelle. Et quelques mois plus tard, en 1988, il fonde avec Pierre Guilloré l'association Cora, du même nom que le camp fortifié situé à proximité. Leur premier chantier archéologique fut effectué sur des sarcophages mérovingiens du château de Saint-Moré. L'autodidacte avoue : « C'était beaucoup plus facile de faire de l'archéo à l'époque... »
Cette même année, il se rend dans la Grande grotte d'Arcy ouverte aux visiteurs, et aperçoit des traces rouges... Ce n'est qu'en 1990 qu'il réussit à y retourner, avec le soutien de Gabriel de La Varende, administrateur du domaine, pour identifier, avec son ami Pierre Guilloré, une main négative, puis un mammouth, et cet incroyable bouquetin (voir notre photo). C'est le début de la belle histoire des peintures préhistoriques de cette caverne qui fête aujourd'hui ses 20 ans_ Dans une dizaine de jours, Jean-Claude Liger, en bon globe-trotter à la soif de découverte inaltérable, partira pour l'Ouzbékistan pour de nouvelles fouilles et de nouvelles trouvailles. Avant de revenir dans l'Yonne, là où son voyage d'archéo a commencé. Des grottes d'Arcy aux villages grecques d'Orient du grand Alexandre, il n'y a qu'un homme.
Mathilde Jarlier
BIO
11 janvier 1939
Naissance à Blois.
1961
Première visite des grottes d'Arcy-sur-Cure.
1988
Fondation de l'association Cora à Saint-Moré.
1990
Découverte des peintures de la Grande grotte.