Saint-Aubin-Château-Neuf. - Un important exercice de spéléo secours s'est déroulé dernièrement au "Puits-Bouillant", à Saint-Aubin-Château-Neuf.
C'est il y a 22 ans, en octobre 1954 que ce site fut révélé au grand public par un article de Léon Mazoit et Pierre Parruzot.
Ce nom : Puits-Bouillant lui a été donné en raison du bruit caractéristique de bouillonnement que l'on peut entendre depuis l'orifice supérieur et qui provient de la rivière souterraine découverte en 1850, au débouché d'un puits d'une trentaine de mètres creusé sur les indications d'un sourcier. Depuis lors, des informations plus détaillées ont été fournies, notamment par le G.R.S.I.F. et le Spéléo Club de Chablis.
Le thème de l'exercice était centré sur le sauvetage d'un jeune moniteur du Centre aéré d'Auxerre qui, à la suite d'une chute lors d'une sortie d'initiation à la spéléologie, était immobilisé avec la jambe gauche cassée à 800 mètres de l'entrée du Puits-Bouillant.
Dès que l'alerte fut donnée, par le responsable de la sortie, vers 14h30, tout le dispositif du plan "Orsec annexe spéléo" était déclenché.
Dix minutes après, les premiers secours partaient du centre de Chablis et dès l'arrivée sur les lieux, M. Maingonat, accompagné de cinq spéléologues, mettait en oeuvre un important dispositif de secours.
Les autres membres du spéléo secours arrivèrent par la suite en provenance de tout le département.
M. Charles Sterlingots, président de la Fédération nationale et membre d'honneur du Spéléo-Club de Chablis depuis sa fondation, était sur les lieux en tant que spectateur et conseiller. Mais dans un pareil cas, rien ne vaut l'exemple et il fut l'un des premiers, après avoir été sollicité par le responsable de l'exercice, M. Maingonat, et s'être équipé en quelques minutes, à descendre dans la rivière souterraine après avoir emprunté la descente verticale d'une trentaine de mètres.
Il a fait ainsi dès les premières minutes partie de l'équipe médicale envoyée auprès du blessé et dans laquelle Mlle Denise Faget tenait le rôle de médecin en l'absence des médecins en titre du spéléo secours qui, en principe, ne sont pas dérangés pour un simple exercice.
Tout le matériel nécessaire à la remontée du blessé était mis en place tandis que brancard spécial, attelles, trousses de secours étaient acheminés à près d'un kilomètre sous terre et qu'une vingtaine de membres du spéléo secours descendaient pour prendre position le long du trajet souterrain et y assurer dans un premier temps le transport du matériel et ensuite le transport par relais du blessé immobilisé sur le brancard jusqu'à la base du puits d'accès où la remontée verticale était assurée au moyen de cordages et de tout un système de sécurité mis en place sous le contrôle de M. Maingonat.
A 17h45, la victime, D. Fremion, sanglé sur un brancard spécial, sa jambe gauche immobilisée par une attelle gonflable, était ramené en surface après être resté pendant près de 7 heures sous terre, à une température comprise entre 10 et 12°.
Il était immédiatemment confié aux soins des secouristes de la C.R.F. (section de Chablis), équipe de surface du spéléo secours, sous les ordres de M. Charbonneau.
Cet exercice trés intéressant à suivre s'est déroulé en présence de MM. Raymond Pourrain, conseiller général, maire d'Aillant-sur-Tholon, Gaston Carré, maire de Saint-Aubin-Château-Neuf, des représentants de la municipalité, du capitaine Perrier, commandant de gemdarmerie de Joigny, des gendarmes des brigades d'Aillant et de Chablis, des sapeurs-ponpiers de Saint-Aubin, ceux du Centre de secours de Chablis, sous les ordres de l'adjudant Legros et de nombreux habitants du village dont le sympathique propriétaire des lieux, M. Marsaucht. Car l'entrée de cette rivière souterraine se trouve sur une propriété privée, ce que beaucoup de personnes ignorent ou veulent ignorer lors des visites non officielles.
En fin d'exercice, M. Maingonat, instituteur à Chablis, directeur adjoint du secours souterrain, conseiller technique des préfets de l´Yonne et de la Nièvre dans le domaine de la spéléologie, délégué de la fédération pour les 15 départements du bassin parisien, chargé de la prospection spéléo et président du Spéléo-Club de Chablis, seul club de L´Yonne, nous a apporté quelques précisions sur cet exercice, sur ses activités dans ce domaine et sur les activités du spéléo secours en général.
En plus de son rôle primordiale de conseiller technique, M. Maingonat assure dans le domaine de la prévention, l'aide, le soutien à tous les groupes qui font de la spéléologie dans l´Yonne ou dans la Nièvre.
Il assure la diffusion de tous les renseignements sur les dangers et les précautions à prendre, rappelle la réglementation préfectorale, assure le contrôle et la planification des visites organisées par des équipes de spéléologues.
Ce centre de Chablis possède toutes les documentations nécessaires sur la sécurité, les autorisations nécessaires, l'aspect technique, scientifique et historique de tous les sites de l´Yonne, documentation à la disposition de tous les spéléologues.
Le résultat de cette organisation, le voici en quelques mots, nous a précisé M. Maingonat :
«Les exercices comme celui de Saint-Aubin sont faits en fonction de l'importance de fréquentation du site et des dangers qu'il représente.»
«Le principe des secours est le même que celui du S.M.U.R., c'est-à-dire amener auprès du blessé sous terre, tout ce qui est nécessaire pour effectuer les soins sur place. Ceci avec l'aide des secouristes spécialisés en réanimation et de médecins.»
«Il ne faut pas oublier que dans un tel sauvetage, les spéléologues travaillent dans une atmosphère vicié. Il y a, par exemple, risque de gaz carbonique surtout lorsque pour un tel sauvetage, une vingtaine de personnes restent pluseiurs heures sous terre.»
«Il serait bon, nous a-t-il précisé, que notre service soit doté de queqlues appareils respiratoires à circuit fermé.»
G. Raynal.