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Prospection L'Isle-sur-Serein

Article publié par B. BOUCHARD le lundi 01 mai 2017.

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Nous arrivons à 15h00 à L'Isle-sur-Serein où Florian nous rejoint. Après une rapide et première prise de contact (nous avions déjà conduit Florian à Puits Bouillant), celui-ci nous invite à le suivre pour découvrir sa zone de recherche.
Nous partons à pieds, Florian avec son sac à dos, Pascal et moi les mains dans les poches, et traversons le Serein pour monter sur une colline en rive gauche de la rivière. En haut, nous longeons un champ vers le sud, puis nous nous enfonçons dans les bois. On y découvre de nombreuses ruines de cabanes et de murets, comme c'est fréquemment le cas dans la région. Après un détour en descendant à travers la forêt, nous arrivons sur une petite source boueuse, guère active en cette période de sécheresse. Il n'y a pas grand-chose à espérer de ce côté et nous repartons en remontant sur la colline, non sans avoir jeté un coup d'œil sur de petits affleurement rocheux.
Nous nous dirigeons cette fois plein nord, en longeant le champ de colza, jusqu'à l'orée d'un bois où nous nous enfonçons à quatre pattes (taillis serrés en bordure du champ). Mais auparavant, nous avons pu profiter d'une belle vue sur L'Isle-sur-Serein : en face, on remarque parfaitement l'ancien observatoire astronomique de Georges Bidault de l'Isle (frère de Marcel à qui l'on doit la découverte du gouffre de la Côme Sainte-Marie). Cette forêt présente rapidement des reliefs plus escarpés et une petite ligne de rochers attire notre attention. Nous jetons quelques coups d'œil dans des escarpement que des bestioles ont occupé. Rapidement, nous tombons sur une vaste allée, aménagée d'un grand escalier et qui plonge vers la vallée : un promeneur nous expliquera que cet escalier a été construit par Georges Bidault De l'Isle, ancien propriétaire des lieux au début de XXe siècle. Au-delà, les rochers prennent de l'ampleur et nous sommes surpris de découvrir des falaises de plusieurs mètres de haut dont nous ignorions totalement l'existence.
Florian nous montre une première cavité : en grimpant dans les rochers, une fracture de la roche permet de s'enfoncer entre les parois, horizontalement et verticalement. Cette petite grotte ne dénaturerait pas notre inventaire, où d'autres de ce type et de moindre importance y sont déjà notées. On se promet de revenir plus tard faire un bout de topo. Pascal grimpe sur le plateau et découvre que la roche est fracturée en deux longs pans parallèles. Ces décrochements ont créé ainsi deux fossés.
Nous redescendons et Florian nous montre la cavité suivante : devant nous, un porche que l'on franchit facilement en baissant un peu la tête, nous fait découvrir une salle souterraine grossièrement ronde et prolongée de fissures. S'il n'y a rien à attendre de ces prolongements, nous restons épatés de découvrir cette cavité qui n'est citée nulle part ! On y tient tranquillement debout, c'est de l'exploration spéléo trop facile !
Et nous reprenons notre petit bonhomme de chemin en longeant les rochers, avec Florian qui, voyant comment nous sommes intéressés par ces découvertes, n'arrête pas de répéter que nous devrions aimer la prochaine…
En effet, nous grimpons un peu sur les rochers et il nous montre une nouvelle cassure, un peu comme le premier trou aperçu au début de cette balade. Sauf que c'est le même puissance 10 ! La fracture, large de quelques mètres, plonge sous nos pieds et se prolonge devant nous. Hallucinant. Je mets mon casque, Pascal ressert son béret : on est des vrais touristes devant Florian qui enfile tranquillement sa combinaison et son casque. Un éboulis terreux permet de descendre assez tranquillement dans cette grosse fissure que l'on suit aisément. Des failles annexes sont facilement et rapidement visitées. Nous regardons sous nos pieds et on verra la prochaine fois à fouiller un peu plus sérieusement avec des habits et du matériel adéquats. Nous ressortons pour redescendre le long des rochers. Nous passons devant un nouveau trou : c'est une des sorties de la grande faille (donc ça traverse ; on y ressent d'ailleurs un courant d'air qui circule aisément entre la roche).
Plus loin, nouvelle ligne de falaises. A 1,50 m du sol démarre un beau boyau creusé par l'eau dans la roche. Après avoir aidé Florian à y rentrer (même pas besoin de gratter), celui-ci rampe sur quelques mètres jusqu'à un coude et une concrétion. Cette fois, il faudra gratter pour pouvoir s'enfoncer un peu plus et voir ce qui se passe.
Il faut déjà penser à rentrer, alors que nous voyons un peu plus loin de nouvelles falaises avec des fissures qui ne demandent qu'à ce que l'on s'y intéresse d'un peu plus près. Et puis Florian, nous promet d'autres trous. Nous voulons bien le croire… et c'est sans parler des quelques trous bouchés par des pierres ou autres excavations que nous avons rapidement aperçues…
Alors, suite du programme à prévoir : pointage, topo, prospection, désobstruction… Il restera à savoir comment un site pareil, même s'il s'agit essentiellement de cavités formées à la faveur de fractures, a pu ainsi avoir été totalement oublié alors que nous sommes au cœur de l'ancien domaine des Bidault de l'Isle, qui n'ont pourtant pas été avares de renseignements sur les grottes du coin au début du XXe siècle !